Quand les Veaux d'or deviennent des vaches folles

 


Une soirée-débat organisée par les AmiEs de l'aut'journal et les Amis du Monde diplomatique.



Ce jeu de mots du biologiste Jean-Marie Pelt, un des intervenants apparaissant dans le film de Karl Parent et Louise Vandelac Main basse sur les gènes, a déclenché l'hilarité des quelques 150 personnes assistant à sa projection le 24 mars dernier à l'UQÀM. Il prouve d'abord que les scientifiques ne sont pas dénués d'humour et qu'ensuite il y a un grand danger à faire passer les intérêts économiques avant la rigueur scientifique. Postulat dont ce film remarquable fait une démonstration que nous résumerons à partir de citations qui en sont extraites.

Jeremy Rifkin (économiste) Ceux qui contrôlerons les gènes contrôlerons le 20ème siècle.

On assiste à une nouvelle ruée vers l'or (vert cette fois) menée par les grandes multinationales de l'agro-alimentaire 0 Dupont, Monsanto, Novartis et Hoechst qui se sont départies de leurs industries chimiques pour se lancer dans cette course folle et y ont investi des dizaines de milliards. Avec le résultat que les OGM (organismes génétiquement modifiés) sont déjà présents dans 75% des aliments industriels et donc dans nos assiettes.

Jean-Marie Pelt (biologiste) C'est comme si l'on construisait une immense cathédrale, le transgénisme, sur des sables mouvants

Le ruban d'ADN qui contient notre patrimoine génétique et qui résulte d'une évolution d'un milliard d'année est un équilibre fragile que l'on ne peut modifier sans risques. Comment peut-on évaluer ces dangers sur une aussi courte période (5 ans) alors qu'il a fallu 30 ans pour se rendre compte des effets nocifs du DTT et 50 ans pour l'amiante.

Jean-Marie Pelt La science s'est livrée au commerce... au Veau d'or... et les Veaux d'or deviennent des vaches folles.

C'est tout le problème de l'éthique scientifique qui est remis en question. La recherche scientifique n'est plus indépendante et le contrôle des agences gouvernementales est pratiquement inexistant ou pire biaisé par le conflit d'intérêt qui existe, dans les pays producteurs d'OGM, entre les impératifs économiques et la santé publique. Quant aux savants qui osent transgresser ce tabou... eh bien, on les élimine tout simplement (voir encadré).

Riccardo Petrella Il faut proclamer le vivant bien commun de l'humanité

Demandes de moratoire des scientifiques, protestations des groupes écologistes, protestations de l'Europe et insistance pour que soit appliqué le Principe de précaution , la résistance à cet envahissement incontrôlé de nos vies par les OGM s'organise.

Louise Vandelac, qui était présente à cette soirée et dont la prestation lors du débat a été remarquable, insiste beaucoup pour que des actions concrètes soient organisées au Canada. Biotech action Montréal, dont la jeune écologiste Nadine Bachand était la porte-parole lors de cette réunion, est un exemple de ce type d'action sur le terrain.

L'affaire Arpad Pusztai

Ce biochimiste de renom avait entrepris au Rowett Research Institute d'Aberdeen (Écosse) une recherche pour prouver l'innocuité de la consommation de pommes de terre transgéniques par des mammifères. On lui avait accordé pour ce faire un budget de 3.5 millions de $.

Après avoir nourri pendant 10 jours 125 rats avec ces pommes de terre quelle ne fut pas sa surprise de constater que ces animaux souffraient de déficiences immunitaires et neurologiques et que plusieurs organes internes étaient atteints.

Une simple déclaration à la BBC sur les résultats préliminaires de ses recherches et il fut immédiatement licencié ainsi que sa femme qui participait au programme. Tout son matériel; ordinateurs, disquettes et documents fut saisi et il lui fut interdit de parler.

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