Un ministère Juste pour rire

 


Budget Landry 0 30 millions à un organisme dirigé par Pierre-Marc Jonhson !



Lors du dépôt du budget, M. Bernard Landry, ministre des Finances, annonçait un investissement d'environ 100 millions $ pour la culture, mais dont près du tiers ira à la Société des événements majeurs internationaux du Québec, une société créée... le 8 mars 2000, soit six jours avant l'annonce du budget !

Les principaux administrateurs de cette toute nouvelle société sont, selon l'Inspecteur des institutions, Pierre-Marc Johnson, ancien premier ministre du Québec, Adélard Guillemette, le sous-ministre de la Culture et Lucille Daoust, la sous-ministre déléguée au Tourisme.

Les détails concernant cet octroi au monde de la culture québécoise seront rendus publics par le ministre délégué au Tourisme, M. Maxime Arseneau ! Entre culture et tourisme, la ligne est mince au Salon bleu.

P.M. Johnson et la déontologie

Cette nouvelle société, qui court-circuite le Conseil des Arts, financera le Festival de Jazz de Montréal et le Festival des films du monde, qui ont un rayonnement international et touristique important.

Elle financera aussi le Festival Juste pour rire, dont le président du conseil d'administration est justement Pierre-Marc Jonhson. Celui-ci, rejoint au téléphone, expliquait qu'il ne faut pas faire de lien entre ses deux occupations. Nous sommes régis par un code de déontologie et, comme dans toute bonne démocratie qui se respecte, tout est fait en transparence.

Règle générale, en pareille circonstance, la transparence commande que les présidents de compagnie ne siègent pas sur les conseils d'administration des organismes qu'ils subventionnent.

Selon l'ex-premier ministre, l'octroi des 30 millions ne devrait pas être comptabilisé dans la culture, mais dans le tourisme. Même son de cloche de la part de l'attachée de presse du ministre Arseneau. Pourtant, en y regardant de plus près, on se rend compte que le tourisme est sous la tutelle du ministère de la Culture et des Communications ! De plus, le communiqué de presse présentant le budget culturel contient bel et bien les 30 millions attribués à la SEMI.

M. Landry, lors de son discours de présentation, se réjouissait en annonçant que 0 Même aux heures les plus ingrates de lutte contre le déficit, les moyens pour favoriser le développement et le rayonnement de la culture québécoise ont été préservés et se sont accrus. Pourtant, ce ne sont pas seulement des événements culturels qui seront soutenus par la nouvelle Société des événements majeurs internationaux. Loin de là.

Régates et grands prix culturels

Lorsqu'on examine la liste des événements qui seront financés par cet organisme, on se rend compte que peu sont réellement de nature culturelle. On y retrouve, par exemple, les Régates de Valleyfield , soutient Richard Messier, coordonnateur pour le mouvement des arts et des lettres (MAL), un mouvement créé en automne dernier pour défendre les droits des artistes. Selon lui, il n'est pas non plus exclu que le Grand Prix de Montréal et l'Omnium de tennis soient aussi financés par cet organisme. Ce que confirme Pierre-Marc Jonhson.

Notre mandat, c'est de soutenir un secteur de l'économie qui prospère et qui profite au Québec. Bien sûr que nous soutiendrons des événements de divertissement, mais il faut voir que la plupart d'entre eux donneront des emplois à des artisans. explique Pierre-Marc Johnson.

Ça fait deux ans qu'il n'est pas entré autant d'argent dans la culture et tout le monde me crie après. C'est un non-sens! , s'exclamait hier à la Presse Agnès Maltais, ministre de la Culture et des Communications. Richard Messier explique, en réponse 0 Le gouvernement n'a pas à se vanter qu'il a investi beaucoup dans la culture ! Un tiers du budget culturel est lié au tourisme et au divertissement sans lien avec celle-ci.

Nous n'avons rien contre le fait que les festivals, les régates, et les grands événements soient financés. Mais c'est difficile à accepter quand on voit que cet argent ira dans les poches des producteurs, des administrateurs et des entreprises qui organisent ce genre d'événement, alors qu'on réclame plus d'argent pour les créateurs souligne Richard Messier.

Le MAL devrait bientôt rencontrer la ministre Maltais afin d'éclaircir ce dossier qu'elle n'a aucune raison de défendre, à moins que les millions que le Conseil des arts et des lettres verse annuellement aux événements majeurs soient assignés au budget des arts d'interprétation puisque les festivaliers sont plus à l'aise avec le tourisme.