Le sourire du pouvoir

 


La comédie de la culture



Avant de publier un brûlot qui n’a pas perdu de son incandescence sur la comédie de la culture, Michel Schneider a été directeur de la Musique et de la Danse, au ministère de la Culture de France. Il a donc pu étudier l’évolution de la chose culturelle de l’intérieur et, au moment où la saison québécoise des festivals débute, son diagnostic tombe pile. «La multiplication des événements festivaliers aboutit en fait, sous l’activisme de surface, à une inaction durable», écrit-il. «La politique culturelle est conçue et menée essentiellement pour faire parler d’elle.»

Son succès se résume habituellement à un slogan qui a fait mouche. Il y a quelques années, en France, c’était La fureur de lire. «À quand La rage du théâtre, La défonce de la photo, La fièvre des archives ou Le cri du patrimoine, ironise Schneider. Tout cela culminera sans doute par une Fête des Fêtes, comme il existe déjà le Festival des Festivals. Mais toutes ces réjouissances ne sont que la fête de l’État. Un État poète, musicien, photographe ? Non pas ! Le prétendre serait trop risible. Mais un État qui, plutôt qu’aimer, susciter et protéger les arts, dynamise, impulse et initie les pratiques culturelles. Les fêtes sont le sourire du pouvoir, elles cachent mal la moue de son mépris.»

LA COMÉDIE DE LA CULTURE

Michel Schneider

Seuil, Paris 1993