La lutte de classe se poursuit

 


Dans le Nord-Pas-de-Calais



Du siège de la fédération des métaux à Paris, l’aut’journal s’est déplacé dans le Nord de la France, rencontrer Hervé Brocail, secrétaire-général de l’Union syndicale des travailleurs de la métallurgie (USTM-CGT) du Pas-de-Calais, région marquée par les luttes ouvrières et les grèves insurrectionnelles. Véritable « bastion rouge » de la CGT, nous avons demandé à un ouvrier sortant d’une grève, pourquoi il en est membre ? « Parce que c’est le seul syndicat qui emmerde les patrons ! » Pour vous convaincre de la combativité des gens du « Pays de Germinal », environ une quarantaine de municipalités sont communistes...

Le Nord-Pas-de-Calais est la deuxième région où le nombre de grèves est le plus élevé, tout de suite après la région parisienne. « Notre région a une histoire de lutte de classe et le mouvement syndical a été forgé dans les conflits des mines, du textile et de la sidérurgie. Lutter est une tradition chez nous. Juste ces dernières semaines, une dizaine d’entreprises ont connu des conflits avec piquets de grève et occupations des locaux, sur les salaires, les qualifications et l’application des 35 heures. Dans ce contexte de lutte, les patrons menacent les militants de la CGT qui sont les précurseurs de ces grèves », nous raconte Hervé Brocail.

Imposer les 35 heures

Selon la CGT, le temps nécessaire à la fabrication d’une voiture a été divisé par deux en l’espace de dix ans; il fallait encore 18 000 heures de travail pour construire un moteur d’avion en 1995 contre 8900 heures seulement aujourd’hui... Puisque nous produisons plus et mieux avec moins de travail, il paraît légitime de travailler moins longtemps. « La loi des 35 heures doit imposer une réduction du chômage et l’amélioration des conditions de vie au travail, permettre l’avancement de l’âge de la retraite avec un départ, une embauche, et maintenir le pouvoir d’achat des salariés avec augmentation des minima salariaux », argumente Hervé Brocail.

Pas de partenariat patronal-syndical

« À la CGT, on ne considère pas le patronat comme un partenaire social. Tant qu’il n’y a pas de rapport de force bien établi, le patronat ne s’assoit pas à la table de négociation. Il préfère de loin négocier avec des organisations syndicales réformistes ou social-démocrates, plutôt que de répondre à l’ensemble des besoins revendicatifs des salariés. Les seules occasions où le patronat veut négocier de lui-même, c’est quand il veut remettre en cause des dispositions dans les conventions collectives. Nous considérons qu’un vaste rapport de force est nécessaire pour permettre aux salariés de contrôler leur vie économique et politique dans l’entreprise, dans leur localité et leur pays », précise le syndicaliste.

Une affirmation de classe

De par ses statuts, la CGT « combat l’exploitation capitaliste et toutes les formes d’exploitation du salariat ». Elle défend la démocratie à tous les niveaux, dans tous les domaines, une démocratie qui ne peut s’arrêter à la porte des entreprises. « On pratique toujours un syndicalisme de combat et de classe. Ceux qui disent que la lutte de classe est périmée, dépassée, qui prônent l’abandon ou qui essaient de l’évacuer des syndicats en disant que ça n’existe plus, ont intérêt à ce que le syndicalisme soit moins revendicateur et militant. Notre souci permanent, c’est de mesurer l’état de notre propre rapport de force », déclare le militant syndical.

La CGT indépendante de tout parti politique

La CGT ne s’assigne pas le rôle d’agitateur pour ensuite déléguer à un parti politique le mouvement social. Politiquement neutre, elle ne s’empêche pas d’être présente dans le mouvement de transformation social. « Historiquement, il y a eu des liens très forts entre le PCF et la CGT pour des raisons qui sont fort simples à comprendre 0 les communistes ont toujours défendu la classe ouvrière. C’est pas de notre faute si le choix des sociaux-démocrates ou de la droite est de ne pas défendre les salariés. La CGT a une indépendance syndicale, vis-à-vis du patronat, du gouvernement et enfin de tous les partis politiques, et notre identité première est de combattre l’exploitation capitaliste », conclut notre camarade.