Les 35 heures partout en Europe

 

La lutte pour la RTT sans perte de salaire est une revendication du mouvement ouvrier international. Votée en France en juin 1998, définitivement adoptée en décembre 1999, la durée légale du travail, fixée à 35 heures depuis le 1er janvier 2000, intéresse l’Europe syndicale. La FTM-CGT échange avec d’autres syndicats afin d’imposer la RTT au patronat européen. Alain Mennesson, animateur du collectif fédéral des 35 heures, fait le point.

J’ai participé à une journée d’étude en Belgique, avec des syndicalistes belges, hollandais, italiens et portugais. Ce groupe européen de la sidérurgie, composé de camarades voulant des informations sur la RTT en France, va lancer des batailles qui vont déferler sur l’Europe », avertit Alain Mennesson. Déjà, en Italie, les députés socialistes et communistes ont voté une loi abaissant la durée légale du travail à 35 heures par semaine. Les métallos allemands ont aussi les 35 heures hebdomadaires.

Améliorer les 35 heures

« En France, il faut obtenir des compléments législatifs et des décrets supplémentaires. Le temps de travail est actuellement fixé par deux dispositions 0 les 35 heures hebdomadaires ou les 1 600 heures annuelles. Les patrons ont la possibilité d’imposer l’annualisation du temps de travail en faisant, par exemple, travailler les gens 25 heures une semaine et 45 heures la suivante, sans dépasser 1 600 heures annuellement », commente-t-il.

Des résultats différents

« La loi oblige les négociations et entraîne des résultats différents d’une entreprise à l’autre, en fonction des forces syndicales en présence 0 soit l’annualisation du temps de travail soit, quand le syndicat est assez puissant, les 35 heures/semaine ou encore le remplacement de la RTT par 23 journées de congés supplémentaires. La CGT veut faire modifier la loi pour empêcher de telles disparités. En Europe, les salariés vont s’emparer des 35 heures et, petit à petit, on y viendra », prévient l’animateur. Pour la CGT, les 35 heures sont des droits nouveaux à conquérir à l’échelle européenne et internationale. Qu’en est-il en Amérique lorsqu’on sait qu’en France, au 23 août dernier, 38 000 accords d’entreprise concernant les 35 heures ont été enregistrés, couvrant 3,9 millions de salariés ?

L’exception française

En plus de 100 ans d’histoire, la CGT n’a jamais laissé tomber la classe ouvrière. Malgré 10 % de taux général de syndicalisation, la capacité de mobilisation des salariés est beaucoup plus grande qu’ailleurs dans le monde. Les chiffres et les comparaisons internationales des taux de syndicalisation cachent bien des choses. Car l’adhésion à un syndicat en France est libre et volontaire. L’engagement syndical y est une démarche militante et de classe. Rappelons aussi que le Parti communiste français regroupe 250 000 adhérents, représente 10% de l’électorat, 909 municipalités communistes, 36 députés et 15 sénateurs. C’est un des partis de gauche les plus puissants du monde. Les actions de masse de la CGT et du PCF ont fait surgir des législations sociales (liberté syndicale, droit de grève, protection sociale, services publics), plus articulées qu’en Amérique du Nord.