Le Rassemblement pour l'alternative progressiste fera la lutte au néolibéralisme

 


Une nouvelle aventure électorale pour la gauche québécoise



Annoncée depuis plus d'un an, la transformation du Rassemblement pour l'alternative politique en parti politique a eu lieu au congrès des 24, 25 et 26 novembre 2000, où près de 130 déléguées et délégués provenant de plusieurs régions se sont réunis à l'Université Laval. Cette transformation fait suite au colloque sur l'unité de la gauche de mai dernier, où des personnes des milieux populaire, syndical et politique avaient résolu de respecter la diversité des mouvements en excluant le projet hégémonique d'union politique en un seul parti pour plutôt prôner l'unité dans l'action.

Les conférenciers Michel Chartrand, Jean-Yves Desgagné, François Saillant et Gabrielle Pelletier ont ouvert le congrès, parlant de la nécessité d'une implication électorale respectueuse des forces du RAP, pour s'établir sur des bases solides, tant un échec démobilisateur n'est plus permis.

Un programme politique

Dans une atmosphère studieuse, les projets de plate-forme politique et de statuts du parti ont fait l'objet de discussions en atelier et en assemblée plénière. Le RAP aura comme objectifs l'émancipation sociale, l'indépendance du Québec et la souveraineté populaire dans une vision résolument social-démocrate. Il va promouvoir la rédaction d'une constitution du Québec par le peuple, la proposition d'un traité de réconciliation avec les Premières Nations et la réévaluation de la participation québécoise aux accords internationaux contrevenant aux principes du parti.

Le RAP veut l'adoption d'un mode de scrutin proportionnel et d'une loi assurant la parité entre hommes et femmes à l'Assemblée nationale. Dans le domaine de la santé, le RAP propose la régionalisation des budgets servant au salaire des médecins et l'inclusion de représentants des usagers, des groupes communautaires et des syndicats aux conseils d'administration des régies régionales.

Le RAP fera la promotion de politiques culturelles, linguistiques et éducationnelles non soumises aux lois du marché. Il obligera l'industrie à produire un bilan de l'effet de ses activités sur l'environnement et à être responsable de ses produits, de la production à la disposition. Le RAP va promouvoir une réforme des modes de production pour ne conserver que ceux qui respectent les équilibres écologiques et appliquer un principe de précaution sur tout nouveau produit et toute nouvelle technologie. Le RAP propose d'impliquer citoyens et citoyennes dans la prise de décision sur les projets industriels polluants et se prononce pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Débats enflammés sur la parité homme/femme et le revenu de citoyenneté

Certaines délibérations ont été particulièrement enflammées. Lors des discussions autour des statuts du parti, certains voulurent remettre en cause le principe démocratique de la parité entre hommes et femmes au conseil national de coordination, évoquant la possible difficulté de convaincre des femmes de venir siéger à cette instance et proposant plutôt de réserver quatre sièges à des personnes de chacun des sexes. La règle a cependant été maintenue. Trois aspects sont ressortis des discussions autour du concept d'un revenu de citoyenneté qui éradiquerait la pauvreté.

Plusieurs souhaitaient l'adoption du principe sur-le-champ, quitte à débattre des modalités au congrès d'orientation. D'autres, tout en étant favorables au principe, préféraient reporter toute la discussion au congrès d'orientation pour permettre aux membres d'en discuter et d'en comprendre les enjeux pour mieux le défendre. Enfin, un courant minoritaire mais néanmoins présent s'opposait à l'idée, préférant des politiques de plein-emploi.

Au cours de la discussion, la grogne s'est manifestée et quelques délégués ont quitté. Le débat a été finalement reporté au prochain congrès. Un réseau de jeunes membres, prélude à une aile jeunesse formellement constituée, a aussi été mis sur pied.

Un nouveau comité de coordination

Dix membres ont été élus au conseil national de coordination. Quatre sont issus de l'équipe sortante 0 Diane Cossette, Pierre Dostie, Jacqueline Hekpazo et Sylvain Dupuis. Trois des nouveaux membres, Denys Duchesne, Michel Fontaine et Normand Gilbert, ont été candidats indépendants issus du RAP aux dernières élections québécoises. Madone Landry, Gabrielle Pelletier et Carolyne Proulx-Trottier ont aussi été élues.

Dans les prochains mois, le RAP diffusera son programme et convoquera un congrès d'orientation pour mai 2001 afin de discuter du partage de la richesse collective par le revenu de citoyenneté. Il y aura alors élection au poste de porte-parole national. Cette personne assumera le rôle de chef du parti, selon les termes de la loi électorale.