« Maîtres chez nous ! », un modèle exportable

 

Pour faire contrepoids à la réunion du E-7 (Électricité-7), le regroupement des sept pays produisant le plus d’électricité au monde, les syndicats de huit entreprises de ces pays se sont rencontrés à Montréal les 11 et 12 octobre derniers.

Les pays du E-7 se demandaient, dans le cadre de leur rencontre, s’il était possible dans un cadre déréglementé de contribuer au développement durable de l’électricité sur la planète. Leur réponse tarde toujours. La réponse du forum intersyndical est 0 non !

Ce forum était organisé par les syndicats d’Hydro-Québec, à partir d’une idée de la Fédération des mines et de l’énergie française, et il regroupait des représentants syndicaux du Japon, de l’Italie, de l’Allemagne, de la France, de l’Ontario et du Québec. Des syndicalistes d’autres pays, dont certains de l’Amérique latine, participaient également à la rencontre.

Qu’est-ce que le E-7 ?

Le huit firmes du E-7 se rencontrent à tous les ans depuis 1991. Bien que le E-7 fasse toujours référence au développement durable en abordant la question du développement mondial, « leur discours ne concorde pas avec leurs actions », de nous dire Charles Paradis, organisateur du forum et représentant des travailleurs d’Hydro-Québec. « Hydro-Québec, donne-t-il en exemple, ne participera aux projets du Sénégal, du Pérou, du Panama, de la Guinée et de l’Argentine que s’il peut s’en dégager un profit intéressant ». La rentabilité passe bien avant le développement durable.

Les syndicats présents au forum sont unanimes pour considérer l’électricité comme un bien essentiel au même titre que l’air et l’eau 0 « Seul l’être humain importe. La technique, le capital et les ressources naturelles, telle l’électricité, doivent servir la population, non pas enrichir sans fin quelques compagnies », commente Paradis.

L’électricité et la mondialisation

Selon l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), l’électricité est l’industrie ayant le plus grand potentiel de croissance. On prévoit que ce secteur explosera d’ici dix ou quinze ans et Charles Paradis estime que cette industrie représente environ 225 milliards $ uniquement pour les États-Unis.

Il n’est donc pas surprenant de voir les organisations mondiales capitalistes travailler d’arrache-pied à la privatisation de cette industrie. En Amérique latine, plusieurs sociétés d’État produisant de l’électricité ont été vendues pour réduire la dette écrasante des pays 0 « La Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International ont obligé les États à vendre leur patrimoine public à rabais », explique Paradis. Depuis, les tarifs d’électricité ont augmenté, les conditions de travail ont dégringolé et la situation de ces pays s’est détériorée. C’est l’illustration de la loi du profit.

« Maîtres chez nous ! »

Pour les syndicats présents au forum, le développement économique des pays du tiers monde passe avant tout par le contrôle de l’énergie, donc de l’électricité. « Comment utiliser l’Internet sans même avoir l’électricité ? », demande Charles Paradis.

Il rappelle à juste titre que le thème utilisé par le gouvernement québécois lors de la nationalisation de l’électricité était « Maîtres chez nous ! » Le modèle de développement industriel du Québec peut être suivi par les États défavorisés 0 « Suite à la nationalisation de l’électricité, le Québec a connu un boom économique », rappelle-t-il.

Le E-7 sous surveillance

La rencontre des syndicats fut un succès. L’expérience se répétera chaque année. La prochaine réunion se tiendra probablement en Italie, endroit prévu de la rencontre des huit compagnies. Le E-7 est désormais surveillé par ses travailleurs et travailleuses.