Mettre fin à la violence ou à l’occupation ?

 


Le conflit israélo-palestinien



La couverture médiatique a-t-elle pour effet de créer une distorsion des enjeux réels du conflit israélo-palestinien ? Tel est le thème de la conférence qui avait lieu récemment au centre de l'AQOCI (Association québécoise des organisme de coopération internationale). À cette occasion, le sociologue Rachad Antonius a dressé un portrait du rôle joué par nos médias comme véhicule idéologique et constaté l'interprétation faussée du conflit qui nous est suggérée.

Selon ce spécialiste du monde arabe, des faits ouvertement reconnus par tous les observateurs, israéliens compris, ne sont pas suffisamment rapportés dans nos journaux. La politique de dépossession sévit encore à tous les jours en Israël. De sources israéliennes, au moins un millier de maisons et plus d'une centaine d'autres infrastructures auraient été détruites depuis la conférence d'Oslo en 1993. Ces démolitions « administratives » visent l'établissement de colonies de peuplement juives dans les territoires militairement occupés et une prise de contrôle de ce qu'il reste du territoire palestinien. Ainsi, durant la même période, le nombre de colons juifs a doublé, pour atteindre 200 000.

Cette politique ségrégationniste constitue une violation des accords de paix ainsi qu'une violation des droits humains. Malheureusement, ces faits sont trop souvent négligés par la presse nord-américaine. La couverture se consacre presque exclusivement au processus diplomatique qui ressemble de plus en plus à un artifice visant à gagner du temps pendant que l'expansion territoriale israélienne suit son cours. M. Antonius appelle « colonisation pacifique » cette stratégie qui ne cherche au fond qu'à amener les Palestiniens à légitimer leur propre dépossession.

Les images ne projettent que les réactions

Quant à la sélection d'images « sur le terrain », elle ne projette que les réactions des insurgés et non les violations à l'origine de ces réactions, enlevant du même coup tout le poids de leur appel. Les comportements palestiniens sont marginalisés et implicitement associés à leur culture, leur « arriération civilisationnelle », leur fondamentalisme religieux, bref une foule de préjugés nourris et entretenus pour ignorer la défense naturelle d'un peuple refoulé. Cela explique cette croyance aberrante qui circule toujours selon laquelle les Palestiniens envoient leurs enfants se battre pour eux…

Pas un territoire « contesté » mais un territoire « occupé »

La manipulation médiatique ne relève pas que des images mais également des termes utilisés pour la description des événements. Comme le faisait remarquer Rachad Antonius, combien de fois utilise-t-on, pour qualifier cette partie du Moyen-Orient, l'expression de territoire contesté ? Or il ne s'agit pas d'un territoire contesté, mais plutôt d'un territoire occupé. La différence est majeure. Ainsi, nos médias et politiciens diront qu'il faut mettre fin à la violence, jamais à l'occupation.

Une autre formule maintes fois utilisée dans le discours médiatique est celle du processus de paix. Mais de quel processus de paix parle-t-on exactement ? Existe-t-il ? Ou d'abord a-t-il déjà existé ? Malgré tous les accords, traités, ententes signés depuis 1967, la politique d'expansion territoriale israélienne n'a jamais cessé. Cette conception « internalisée » d'une volonté de « paix », sur un territoire « contesté », tend à légitimer la position israélienne en dépit de l'oppression qui persiste.

Toutefois, la généralisation est peut-être la plus dangereuse des confusions puisqu'elle est directement à l'origine du discours raciste. Les sionistes sont les promoteurs d'un discours raciste et sont à l'origine de cette politique fondée sur l'agressivité et l'exclusion. Agissant au nom du judaïsme, ils insistent pour se faire identifier à l'ensemble du peuple juif.

Cependant, tous les Juifs ne croient pas à une telle idéologie. Plusieurs intellectuels israéliens dénoncent cette identification reprise par les médias, mais ne se font malheureusement pas assez entendre ici. La distinction est capitale puisque aucun espoir de paix ne sera possible dans cette région du monde sans une sincère tolérance et un respect mutuel entre les deux peuples.