La guerre nucléaire de faible intensité

 


Il suffisait de l’inventer



Le décès des suites de leucémie de huit soldats des forces du maintien de la paix italiennes stationnées en Bosnie et au Kosovo a créé tout un tumulte au Parlement italien, après que le journal La Republica ait coulé un document militaire secret. Au Portugal, le ministre de la Défense s’est retrouvé impliqué dans ce qui semble être une tentative de camouflage de la mort du caporal Hugo Paulino. L’armée a déclaré qu’il était mort d’un « herpès du cerveau », mais a refusé de permettre à sa famille de faire procéder à une autopsie. Au milieu de pressions populaires croissantes, le ministre portugais de la Défense Julio Castro Caldas a avisé en novembre dernier le quartier général de l’OTAN que son pays retirait ses troupes du Kosovo 0 « Nous ne laisserons pas nos soldats devenir de la viande à uranium », a-t-il déclaré.

Au fur et à mesure qu’augmente le nombre de cancers parmi les membres du contingent du « maintien de la paix », l’OTAN a de plus en plus de mal à les camoufler. Plusieurs gouvernements européens ont été obligés de reconnaître publiquement de « prétendus risques de santé » découlant de l’utilisation des obus d’uranium appauvri utilisés par les forces de l’OTAN lors de la guerre de 78 jours contre la Yougoslavie.

Les médias occidentaux ont évoqué une apparente dissension au sein de l’alliance militaire. Mais il n’y avait pas l’ombre d’une divergence entre Washington et ses alliés européens jusqu’à ce qu’éclate le scandale. L’Italie, le Portugal, la France et la Belgique étaient pleinement conscients que des bombes à l’uranium appauvri étaient utilisées. Les impacts pour la santé de ces munitions sont bien documentés et étaient connus des gouvernements européens.

Les partenaires européens de Washington au sein de l’OTAN comme la Grande-Bretagne, la France, la Turquie et la Grèce possèdent dans leur arsenal des armes à l’uranium appauvri. Le Canada est l’un des principaux fournisseurs d’uranium appauvri. Aussi, les pays de l’OTAN portent l’entière responsabilité de l’utilisation d’armes interdites par les conventions de Genève et de la Haye, de même que par la Charte de Nuremberg de 1945 sur les crimes de guerre. Depuis la Guerre du Golfe, Washington a tenté de camoufler les impacts sur la santé des radiations toxiques de l’uranium appauvri connus sous le nom de « Syndrome de la Guerre du Golfe », avec l’appui tacite de ses partenaires de l’OTAN.

Les civils ne respirent pas comme les soldats

Après l’avoir nié jusqu’à tout récemment, l’organisation admet aujourd’hui avoir utilisé des munitions à l’uranium appauvri au cours de la guerre contre la Yougoslavie. Mais l’OTAN déclare que les obus « émettent peu de radioactivité » et que « les débris posant des risques significatifs se dissipent dans l’atmosphère peu après l’impact ». Tout en niant superficiellement « tout lien entre la maladie et l’exposition à l’uranium enrichi », le Pentagone concède néanmoins dans une déclaration ambiguë que « le principal danger lié à l’uranium appauvri survient lorsqu’il est inhalé ».

Et qui inhale la poussière radioactive qui s’est répandue à travers le pays ?

Les déclarations des gouvernements veulent répandre l’illusion que seuls les soldats du maintien de la paix « peuvent être à risque », c’est-à-dire que les particules radioactives ne sont inhalées que par le personnel militaire et les civils étrangers et que personne d’autre dans les Balkans n’est affecté ! On ne mentionne jamais l’impact sur les populations locales.

Complices, les médias ont forgé un nouveau consensus 0 seuls les soldats du maintien de la paix respirent ! Et les autres ? Au Kosovo, quelque deux millions de civils, hommes, femmes et enfants, ont été exposés aux retombées radioactives depuis le début des bombardements en mars 1999.

Uranium appauvri, cancer enrichi

Les premiers signes des effets des radiations, incluant l’herpès sur la bouche et des allergies de la peau dans le dos et les chevilles ont été observés au Kosovo. Dans le nord du Kosovo, le territoire le moins affecté par les obus d’uranium appauvri, 160 personnes sont traitées pour le cancer, en particulier le cancer de l’utérus. Les cas de leucémie ont augmenté de 200 % dans cette région depuis la campagne aérienne de l’OTAN. On note une augmentation similaire du nombre d’enfants nés avec des difformités. Ces informations concernant les victimes civiles – que la Mission des Nations Unies au Kosovo se garde bien de rendre publiques – réfutent l’affirmation de l’OTAN selon laquelle la poussière radioactive ne se répand pas au-delà des cibles visées, qui se retrouvent pour la plupart dans les régions du sud et du sud-ouest près des frontières de l’Albanie et de la Macédoine.

Ces faits sont conséquents avec ce qu’on a constaté en Irak. L’utilisation d’armes à l’uranium appauvri au cours de la guerre du Golfe de 1991 a entraîné à travers l’Irak une augmentation des cancers et de la leucémie, de la maladie de Hodgkin, des tumeurs malignes du tissu lymphatique chez les enfants, de même que des augmentations des maladies congénitales et des déformations du fœtus, avec des membres anormalement réduits et une hausse des anomalies génétiques.

Kosovars ? Connais pas !

Dans le but de continuer à dissimuler la vérité, l’OTAN est maintenant prête à révéler une partie de la vérité. L’alliance militaire – en lien avec les gouvernements des pays membres de l’OTAN – cherche à tout prix à mettre le focus sur les dangers encourus par les « gardiens de la paix » de façon à ce qu’on ne parle pas des civils. Sinon des gens pourraient demander comment il se fait que ces Kosovars, dont nous étions censés venir à la rescousse, se retrouvent aujourd’hui dans le camp des victimes ?

30 000 à 50 000 obus, ça fait pas mal de poussière

Selon les sources de l’OTAN, quelque 112 sites en Yougoslavie, dont 72 au Kosovo, ont été la cible d’obus antichars à l’uranium appauvri. Les forces de l’OTAN ont tiré de 30 000 à 50 000 obus. Des preuves scientifiques confirment que de la poussière radioactive d’uranium appauvri s’est répandue à partir de leurs points d’impact sur un large territoire, laissant croire qu’une grande partie de la province du Kosovo a été contaminée. Selon le radiologiste britannique Roger William Coghill 0 « Les dérivés radioactifs peuvent demeurer suspendus dans l’air pendant des mois. Une seule particule dans les poumons est suffisante, une seule particule peut affaiblir les défenses du corps contre les tumeurs malignes du tissu lymphatique ou de la leucémie. »

L’uranium appauvri relâche un aérosol mortel

Selon la radiologiste de renommée mondiale Rosalie Bertell 0 « Lorsqu’il est utilisé sur les champs de bataille, l’uranium appauvri s’enflamme et relâche dans l’air un aérosol radioactif mortel d’uranium. Cela peut tuer tous les soldats de l’habitacle du blindé. Cet aérosol est beaucoup plus léger que la poussière d’uranium. Il peut voyager dans l’air à des dizaines de kilomètres du point d’impact. Remué par le vent ou les mouvements humains, il peut à nouveau se répandre dans l’air. Les particules sont très petites et peuvent être respirées par n’importe qui 0 un enfant, une femme enceinte, les personnes âgées ou malades. »

Une céramique radioactive collée aux poumons

Rosalie Bertell poursuit 0 « Cette céramique radioactive peut rester collée aux poumons pendant des ans, irradiant les tissus avec des particules alpha dans une sphère d’environ 30 microns, causant l’emphysème et/ou la fibrose. La céramique peut également être avalée et causer des dommages à la région gastro-intestinale. Puis, elle pénètre dans le tissu du poumon et entre dans le flux sanguin. La céramique peut causer des cancers ou accélérer des cancers causés par d’autres matières cancérigènes. »