Les femmes refusent d’être bâillonnées

 


Face à un état de guerre appréhendé



Depuis la Marche de l’an 2000, la mondialisation pour les femmes, c’est d’abord celle de la solidarité. Mais, pour le Sommet des Amériques, en avril, la mondialisation se limite à celle des capitaux, l’objectif des pouvoirs en place étant d’élargir la zone de libre échange à tous les pays d’Amérique latine (ZLEA). Refusant d’être bâillonnées et emmurées, les femmes de Québec, conjointement avec l’ensemble des groupes populaires et des syndicats, s’organisent et réclament le droit d’être informées et de manifester démocratiquement face à des décisions qui concernent leur existence.

Afin de protéger et d’isoler les chefs d’État présents au Sommet des Amériques, les forces policières se préparent à établir un périmètre de sécurité de 3,8 kms, à encercler la ville de clôtures barbelées, à multiplier les contrôles policiers afin de maintenir la population sous haute surveillance. Bref, à dissuader par la peur ! Bien rodé depuis octobre 70, le terrorisme préventif d’État vise cette fois à réprimer tout questionnement ou toute contestation des diktats de la haute finance. On nous avertit également que la prison d’Orsainville sera vidée de ses prisonniers actuels pour faire place aux contestataires arrêtéEs.

Face à cet état de guerre appréhendé, les femmes de Québec, loin de s’écraser, multiplient leurs réseaux de solidarité, d’information et de formation. Une fois de plus, elles vont manifester leur détermination à lutter en faveur de la justice sociale, de la redistribution des richesses, de la protection de l’environnement et de la paix lors de la célébration de la Journée internationale des femmes, le 8 mars, au Musée de la Civilisation, et du 16 au 21 avril lors du Sommet parallèle des Peuples d’Amérique.

Un centre des femmes dynamique

Le Centre des femmes de la Basse-ville fêtera ses vingt ans l’année prochaine. Il a été créé en 1982 par un groupe de femmes du milieu qui voulaient se donner un lieu de rencontre et d’entraide. Après avoir partagé le local du CLSC, elles ont réussi depuis peu, grâce aux subventions et aux dons, à avoir une maison à elles dans le quartier Saint-Sauveur. Le centre est autogéré et toutes ses participantes sont impliquées dans son orientation, ses activités, son financement et son développement.

Pour satisfaire aux impératifs de la mondialisation, les politiques gouvernementales placent de plus en plus de femmes et d’enfants en état de survie. Comme partout ailleurs, les licenciements, la pauvreté et la violence poussent celles qui en sont victimes à recourir à des organismes d’aide et d’hébergement. D’autre part, le virage ambulatoire a accru cyniquement leurs responsabilités dites naturelles d’aidantes pendant que l’assurance-médicaments diminuait leurs revenus. Jusqu’où peut-on aller dans la dépossession des plus démuniEs ?

Des femmes résolues à s’en sortir

Presque la moitié de celles qui fréquentent le Centre vivent seules ou sont cheffes de famille monoparentales avec un revenu annuel entre 5 000 $ et 10 000 $. L’aide soutenue et la compréhension qu’elles y reçoivent leur permettent de sortir de l’isolement et de trouver un milieu de vie où elles apprennent à développer leur autonomie. Elles y viennent pour se rencontrer, s’informer, améliorer leurs connaissances et lutter ensemble pour promouvoir et défendre leurs droits individuels et collectifs.

Comme lors de La Marche mondiale des femmes en l’an 2000, les femmes de Québec sont au cœur des débats de société en cours. Elles luttent pour enrayer la violence et la pauvreté en cherchant à définir, collectivement et dans l’action quotidienne, un autre mode de développement basé sur la solidarité et l’équité sociale plutôt que sur la compétition et la concentration sans cesse accrue des richesses.