Rappel d’une arnaque légale

 


Cinéma 0 Dernier appel



La cinéaste Caroline Martel a tourné Dernier appel, un film sur la lutte des téléphonistes de Bell. On se rappellera que, au début de 1999, Bell offrait un contrat à ses 7200 techniciens, majoritairement des hommes, mais vendait littéralement ses téléphonistes à une multinationale de l’Arizona, propriétaire de centres d’appels.

Le film raconte la lutte, mais aussi la colère et le désespoir, de ces femmes qui, après 36 jours de grève, sont invitées par leur syndicat à accepter une « offre » qui permet de sauvergarder un certain nombre d’emplois, mais de fermer 50 bureaux de téléphonistes au Québec et en Ontario.

À la fin du film, on voit certaines d’entre elles qui travaillent désormais, sans protection syndicale et pour la moitié du salaire qu’elles gagnaient à Bell, pour la firme sous-traitante Nordia, une filiale de Bell et de la multinationale de l’Arizona. On apprend également que Nordia est grassement subventionnée par le gouvernement du Québec dans le cadre de son projet d’aide au centre d’appels.

Le film permet également de voir la duplicité de Diane Lemieux, alors ministre du Travail. Aux téléphonistes venues occuper son bureau, la toute nouvelle ministre s’exclame, enjouée 0 « Vous êtes mes premières manifestantes » et leur laisse croire, en invoquant la « complicité féminine » qu’elle les aidera à combler le vide juridique qui permet à une entreprise de juridiction fédérale comme Bell de ne pas respecter la convention collective lorsqu’elle sous-traite à une entreprise de juridiction provinciale comme le sont les centres d’appel.

Puis, on voit la ministre s’écraser lamentablement devant Lucien Bouchard lorsqu’il déclare qu’il n’est pas question pour le gouvernement du Québec d’intervenir. « On ne change pas les règles du jeu en milieu de partie », de dire celui qui ne s’est pourtant pas gêné pour passer des lois spéciales contres les infirmières ou les transporteurs routiers.

Dernier appel, Un film de Caroline Martel, ONF, 52 minutes