Enfant de ses livres

 


Livre 0 « Vous blaguez sûrement... »



Dans sa correspondance avec François Hébert, le docteur Ferron avoue qu’il a raté le roman de sa vie, Le Pas de Gamelin, échec qui l’entraînera vers la mort. Pour une fois, le conteur d’historiettes se prenait au sérieux. Il se voulait écrivain, c’est-à-dire rival de Dieu. Ce fut son plus grand malheur. Ferron oubliait une vérité élémentaire qu’il rappelle lui-même à Hébert 0 « Un auteur en définitive est toujours l’enfant de ses livres. »

« J’ai beaucoup réfléchi sur notre sort, écrit Ferron quelques années avant de mourir, je n’ai pas trouvé le génocide en douce de Vadeboncœur, mais un ethnocide, une mort de l’âme et du courage. » Le Grand Roman québécois, cette épave de nous-mêmes, reste dispersé en mille miettes lumineuses dans les livres de Ferron, le grand écrivain vaincu.

« Vous blaguez sûrement... », Correspondance (1976-1984), Jacques Ferron et François Hébert, Lanctôt Éditeur, 2000