Le programme d’ordre public

 

Le Programme d’ordre public est le dernier rejeton de la GRC pour combattre les groupes anti-mondialisation, nous apprenait, le 18 août dernier, le Ottawa Citizen en rendant public un document secret de la police fédérale. André Paradis, directeur général de la Ligue des droits et libertés, avoue que la réaction du gouvernement et de la GRC était prévisible, mais il n’en est pas moins inquiet de cette intensification de l’activité de la police politique dans les organismes démocratiques.

Le « Centre of Excellence »

Le Programme d’ordre public a été créé en mai dernier en réponse aux vives critiques formulées à l’endroit des corps policiers lors du Sommet de l’APEC à Vancouver en 1997 et, plus récemment, du Sommet de Québec. La police veut s’équiper ! Cette unité spéciale des forces de l’ordre deviendra le « Centre of Excellence », écrit le Citizen en citant les propos de Guy Amyot, porte-parole de la GRC en matière de renseignements, de techniques et d’équipes anti-émeutes pour maîtriser les foules.

Le Programme d’ordre public sera la plaque tournante d’échange d’informations entres corps policiers et services secrets. Le document obtenu par le Citizen, et probablement élaboré par le Service canadien de Renseignement et de Sécurité (SCRS) selon André Paradis, fait mention d’une liste de groupes considérés menaçants pour le gouvernement. On y retrouve entre autres le National Council of Catholic Women, Catholic Charities U.S.A, ou encore The Canadian Council of Churches, de quoi faire frémir Jean-Paul II ! Évidemment, des organismes plus connus sont également mentionnés comme Greenpeace et Amnistie internationale.

Méfiez-vous des Raging Grannies

Nous avons vu que la GRC avait infiltré le Groupe Germinal lors du dernier Sommet de Québec; nous apprenons maintenant que les Raging Grannies, un groupe d’aînées qui chantent pour dénoncer les injustices sociales, est un autre exemple de « groupe terroriste » infiltré par la police ! André Paradis explique que « c’est un problème récurrent dans l’histoire des droits et libertés au Canada, mais aussi à travers le monde. Des organismes démocratiques et légitimes se retrouvent dans la mire des services secrets ».

Le Programme d’ordre public ne se limite pas à l’infiltration. L’unité spéciale de la GRC étudiera des méthodes de pointe « non meurtrières ». On parle de maximiser l’utilisation de poivre de Cayenne, des gaz lacrymogènes et des balles de caoutchouc. Selon le document obtenu par le Citizen, des officiers choisis seront formés en vue de bien diriger et entraîner des troupes anti-émeutes lors d’éventuelles manifestations. Pour André Paradis, le risque est énorme, car les « corps policiers ont tendance à confondre les manifestations à caractère politique avec le désordre public ».

Une balle de caoutchouc qui rebondit

Pour la Ligue des droits et libertés, les corps policiers sont toujours à surveiller, particulièrement en période de mobilisation. Le SCRS et la GRC établissent alors des listes de gens dont le seul tort est de s’opposer aux politiques du gouvernement. André Paradis nous informe que ces méthodes seront critiquées cet automne en chambre par Svend Robinson, député du NPD, atteint d’une balle de caoutchouc lors du sommet de Québec et qui, pour cette raison, poursuit en justice la GRC et le gouvernement fédéral.