Les soins à domicile seront les premiers à être privatisés

 


Coalition Solidarité Santé



Défense des grands principes d’un régime de santé devant la Commission Romanow, intervention dans le dossier de la carte à puce, entraînement de formateurs dans diverses régions du Québec, production d’un nouveau guide électoral et aussi, surtout, dénonciation de la privatisation de soins à domicile... La Coalition Solidarité Santé ne prend pas ses vacances à l’automne.

Le ministère profite du fait que les services à domicile ne sont pas protégés par la Loi canadienne de la santé pour se déresponsabiliser au maximum », déclare Marie Pelchat, porte-parole de la Coalition. « On met en évidence que les soins à domicile au Québec reposent surtout sur les épaules des familles. Le problème, c’est que le gouvernement ne veut pas en discuter. Pourtant, on sait que c’est par là que la privatisation veut s’introduire. »

Il y a 1,1 million de personnes au Québec qui ont des incapacités légères ou sévères. Peut-on les laisser à leur sort ? « Il s’agit d’un des dossiers qui touchent le plus de monde, mais où le gouvernement bouge et finance le moins. »

Marie Pelchat croit que l’exemple des soins à domicile est le plus concret pour expliquer aux gens les désavantages de la privatisation. Il en sera d’ailleurs question dans un petit guide électoral, dont la sortie est prévue en janvier prochain.

Un guide anti-langue de bois

Le but du guide électoral de la Coalition est évidemment d’informer la population afin que celle-ci puisse faire un choix éclairé dans l’isoloir, le jour des élections. Introduit lors des élections de 1994, il a gagné en popularité en 1998, avec une diffusion de près d’un millier d’exemplaires.

Au printemps prochain, on entend distribuer entre 1000 et 1500 guides d’une trentaine de pages, de même que de 3000 à 5000 dépliants de quatre pages résumant les « points chauds » du guide. « En vérité, on ignore le nombre exact de copies déjà distribuées, car beaucoup de gens en font des photocopies », affirme Marie Pelchat.

Toute réponse mérite une question

Le guide, non partisan, informera sur les enjeux globaux de la santé, puis il comparera les politiques des divers partis. Dans les précédentes éditions, il y avait une section « questions aux candidats ». On a innové cette année pour contrer la langue de bois en rajoutant une section « oui mais ». On y retrouve de nouvelles questions associées aux réponses courantes de ceux qui ne veulent pas trop se mouiller.

Par exemple, on pourrait demander 0 « Considérant que le Québec est la province qui dépense le moins par habitant dans la santé, et qu’il y a eu des coupures de deux milliards $, comment justifiez-vous votre politique en matière de santé ? » Une des réponses « langue de bois » courantes est de dire 0 « On n’a plus d’argent. » La nouvelle version du guide renchérit avec une nouvelle question 0 « Mais pourquoi nous privez-vous volontairement de fonds en généralisant les reports d’impôts aux grandes compagnies ? » Ainsi, on permettra à Monsieur Tout-le-monde de faire des liens entre les différents thèmes et on forcera les candidats à se commettre. « Il faut que les citoyens soient équipés pour débattre », souligne Marie Pelchat.

L’approche AMWAY de la formation populaire

Un autre avantage du guide électoral, c’est qu’il permettra à divers formateurs de partir dans leur région, village ou quartier, et d’expliquer la problématique de la santé sans passer par le filtre désocialisant des médias. « J’ai eu beaucoup de demandes au Sommet des peuples pour aller en région. Les gens veulent aller plus loin pour informer leur population. Nous expérimenterons une sorte d’approche AMWAY de la formation populaire. »

En sensibilisant davantage la population, on espère à la Coalition obliger les candidats à prendre position. Dans le guide électoral, on proposera aussi une question qui irait comme suit 0 « Est-ce que vous vous engagez à exclure de la négociation de la ZLÉA les services sociaux et de santé ? » Dans ce cas, pas d’embrouille possible, le candidat devra répondre oui ou non. En clair, on veut des réponses précises, des engagements, du concret. Bref, de nous changer des tergiversations habituelles des députés.

Quand l’administration du système de santé se porte bien, c’est la santé qui s’améliore

Autre dossier chaud, celui de la carte à puce. Le ministre vient d’écarter d’un coup de baguette l’Agence d’évaluation des technologies et des modes d’intervention en santé (AETMIS), chargée de l’évaluation de cette nouvelle méthode. « La carte à puce est un outil administratif d’information », a déclaré l’attachée de presse du ministre Trudel pour justifier cette décision. « Ça ne contribue pas à améliorer la santé, mais bien l’administration du système de santé. »

L’Agence voulait étudier son impact sur les soins prodigués aux patients. Alors, Zou ! On la fait disparaître ! On n’accepte pas la critique au gouvernement. Pour Marie Pelchat, ça s’explique puisque le but final est une plus grande privatisation. « La carte à puce est essentielle pour la mise en œuvre du rapport Clair qui dépossède les CLSC du mandat de dispenser les services et qui les nomme responsables de la coordination des services offerts par le secteur privé, les entreprises d’économie sociale et les groupes communautaires. »