Le renouveau souverainiste passe par le scrutin proportionnel

 

Discours prononcé par Pierre Dubuc, le directeur de l’aut’journal, lors du Rassemblement souverainiste du 2 décembre au Medley à Montréal.

Mes amis,

Je voudrais remercier Mario Beaulieu et le Parti québécois Montréal-Centre de me donner l’occasion de vous adresser la parole. Je voudrais surtout les féliciter pour l’ouverture politique dont ils font preuve en invitant des indépendantistes d’allégeance autre que péquiste. Cela démontre leur compréhension du large éventail dont est aujourd’hui composé l’arc-en-ciel souverainiste.

Nous nous faisons dans les pages de l’aut’journal les porte-parole de ces souverainistes qui pensent autrement.

De ces souverainistes qui pensent qu’une véritable attitude responsable consiste à s’opposer à la guerre d’agression que mènent actuellement les États-Unis sous prétexte de lutte au terrorisme. Une guerre, dont on le voit bien, se sert le gouvernement Chrétien pour faire adopter à toute vapeur de soi-disant lois antiterroristes qui seront utilisées contre le Québec.

Oui, il existe des souverainistes qui pensent autrement. Qui pensent que le Rapport Larose n’a pas respecté son mandat en évitant de décrire la situation et l’évolution prévisible des différents groupes linguistiques sur l’île de Montréal et qu’il ne vaut pas le papier sur lequel il a été imprimé.

Oui, il y a des souverainistes qui pensent que les fusions municipales sur l’île de Montréal n’ont pas aboli les privilèges fiscaux des municipalités du West-Island et qu’elles ont pour résultat de concéder, pour des décennies à venir, le pouvoir sur l’ensemble de l’île aux libéraux et aux anglophones.

Oui, il existe des souverainistes qui croient qu’on ne mène pas la lutte à la pauvreté en distribuant des bons d’achat de 100 $ à la veille des Fêtes; des souverainistes qui exigent qu’on procède à une étude sérieuse du Revenu de citoyenneté proposé par Michel Chartrand.

Oui, il y a des souverainistes qui croient qu’un autre modèle économique que le libre-échange est possible, qui pensent qu’il faut s’opposer à la mondialisation, s’opposer à la ZLEA, et nous saluons le récent changement de cap de M. Parizeau à cet égard.

Oui, il y a des souverainistes qui croient à l’importance d’une presse libre, indépendante et indépendantiste, qui pensent que ça ne donne rien de s’en remettre à « l’éthique capitaliste » de la famille Desmarais et de s’agenouiller devant Power Corporation, comme le fait le rapport de la Commission sur la concentration des médias.

Vivement la proportionnelle !

Mes amis, le mouvement souverainiste est large et pluriel comme la société. Il faut que ses différentes composantes puissent être représentées à l’Assemblée nationale.

Ceux qui se réjouissent des difficultés actuelles de la gauche indépendantiste au plan électoral et qui croient que l’électorat de gauche n’aura d’autre choix que de se retrouver sous la jupe du Parti québécois lors des prochaines élections font une grossière erreur.

La société a changé. La gauche ne se retrouvera pas au Parti québécois. Ceux qui pensent ainsi se méprennent profondément. La gauche ira plutôt grossir les rangs du plus gros de nos tiers partis, le Parti des abstentionnistes, le parti de ceux qui ne vont plus voter.

C’est pour cela que la réforme du mode de scrutin s’impose. Le scrutin proportionnel entraînerait un formidable intérêt pour la politique et une fantastique mobilisation des souverainistes de toutes tendances. Une toute nouvelle perspective s’ouvrirait.

De plus, le scrutin proportionnel désorganiserait nos adversaires. Il alimenterait les divisions en leur sein et il jetterait le désarroi dans leurs rangs. Il fractionnerait l’électorat fédéraliste. Les fédéralistes francophones modérés auraient enfin la chance de pouvoir voter différemment des fédéralistes radicaux anglophones, pour ne donner qu’un exemple.

Vous cherchez, nous cherchons toutes et tous un moyen pour relancer le mouvement souverainiste. Cela ne se fera pas par des entourloupettes, des astuces ou autres gadgets référendaires. Il faut un projet exaltant, une réforme majeure avant les prochaines élections. Il faut rebrasser les cartes pendant qu’il est encore temps.

À vous, à nous de l’exiger ! À nous de faire le plein du vote souverainiste !

Vive l’indépendance du Québec !