L'Union paysanne se taille une place à côté de l'UPA

 

Les chances de l'Union paysanne de parvenir à faire contrepoids à la puissante Union des producteurs agricoles, syndicat unique et obligatoire pour avoir droit au statut de producteur agricole auprès du ministère de l'Agriculture, semblaient à plusieurs bien minces lors de sa formation en mai dernier.

Six mois plus tard, tout le monde en parle. Elle compte déjà 2000 membres qui versent une cotisation de 40 $. Le mouvement a un effet rassembleur exceptionnel 0 alimentation, santé, environnement, occupation du territoire, nature, économies locales, démocratie, libre échange mondial, tous ces sujets d'inquiétude semblent converger vers ce réseau alternatif qu'offre l'Union paysanne.

Dans le sillon du film Bacon, le Québec prend conscience que son assiette est de moins en moins sûre et appétissante, que sa campagne se transforme rapidement en parc industriel réservé aux grands intégrateurs de l'agriculture intensive et que le syndicat unique de l'UPA fait manger le gouvernement dans sa main.

Il y a un paysan qui sommeille en tout Québécois

Le projet rejoint de plus en plus de producteurs, y compris de producteurs conventionnels, qui sont mécontents du contrôle qu'exerce l'UPA sur la mise en marché des produits agricoles et du peu de cas qu'elle fait des fermes familiales jugées inaptes au jeu de la compétition et du libre échange.

Par ailleurs, de nombreux citoyens qui achètent les produits agricoles et financent l'agriculture avec leurs taxes (plus d'un milliard par année, équivalent à 50 % du revenu net moyen des agriculteurs) apprécient qu'on leur donne enfin la possibilité de dire leur mot et de prendre part à la négociation du type d'agriculture à privilégier.

Une récente enquête CROP-EQUITERRE établit à 80 % le nombre de ceux qui pensent que l'État devrait « aider les fermes qui veulent cesser d'utiliser des engrais et des pesticides chimiques ». On avait peut-être oublié qu'il y a un « paysan » qui sommeille légèrement dans la plupart des Québécois, hier encore campagnards pour la plupart.

Le nouveau vis-à-vis de l’UPA

Le Congrès de fondation, en novembre dernier, a donné au nouveau syndicat citoyen, incorporé selon la Loi des syndicats professionnels, une structure de représentation et d'action qui lui permet de mener une action organisée dans toutes les régions du Québec 0 congrès national annuel, conseil de coordination national de sept personnes, conseils régionaux (avec sections locales) en formation dans les 16 régions du Québec, représentés dans un Conseil national dont la première session aura lieu à Pintendre le 23 février prochain.

La déclaration de principe et les orientations adoptées par le congrès, par des consensus qui tranchent sur les désaccords idéologiques de tant d'autres groupes alternatifs, ont défini des mandats clairs 0 contester le monopole syndical, définir un syndicat citoyen, encourager les fermes à échelle humaine, favoriser la transformation et la mise en marché à la ferme et dans des entreprises locales, instaurer des pratiques agricoles respectueuses de l'environnement, des sols, des plantes et des animaux, notamment la rotation des cultures, l'accès des animaux à l'extérieur, la gestion solide des fumiers et l'élimination des produits de synthèse, OGM et aliments irradiés, favoriser la démocratie rurale.

La souveraineté alimentaire commence par le respect de la nature et du territoire. En somme, revendiquer des politiques agricoles axées sur la souveraineté alimentaire, le respect de la nature et l'occupation du territoire, plutôt que sur l'exportation, le productivisme et la concentration industrielle. Plusieurs projets sont déjà en préparation 0 formation d'un réseau de fermes en agriculture durable, préparation d'un cahier de charges d'agriculture durable et paysanne, mise en marché des produits paysans, etc.

La sympathie des médias et les réactions intempestives de l'UPA ont fait le reste et consacré l'Union paysanne comme le vis-à-vis de l'UPA et un interlocuteur pour le gouvernement en matière d'agriculture, d’agroenvironnement et de ruralité. Les responsables du mouvement ont somme toute assez bien relevé le défi jusqu'ici en proposant un discours de plus en plus structuré et accessible au grand public.

Sur le plan de l'organisation, les outils essentiels sont en place 0 autofinancement, secrétariat national (situé à Saint-Germain-de-Kamouraska), site internet très efficace, dirigeants représentatifs et présents, réseau exceptionnel dans toutes les régions du Québec, communications dynamiques, leadership populaire.

Une agriculture humaine à échelle humaine, ça existe déjà

La tâche à accomplir demeure cependant gigantesque. C'est tout le modèle, le régime et les politiques agricoles qu'il faut remettre en cause, progressivement et de façon réaliste. Il faut rallier producteurs et citoyens et constituer une force politique suffisante pour faire changer la loi qui accorde un monopole de représentation syndicale obligatoire à l'UPA et faire de la place à ceux qui veulent pratiquer une agriculture sociale et écologique.

Le modèle à privilégier est déjà en implantation en Europe. Il consiste à abandonner toutes les politiques de soutien des prix au profit d'une aide directe à l'agriculteur en fonction de cahiers de charges environnementales (pratiques culturales) et sociales (occupation et entretien du territoire).

Permettre à ceux qui veulent pratiquer une agriculture à échelle humaine et respectueuse de l'environnement d'en vivre décemment sans être obligés de grossir constamment ou de disparaître tout en préservant la liberté et l'autonomie du paysan. La Suisse applique ce modèle depuis quelques années avec des résultats spectaculaires. C'est aussi le combat des mouvements paysans de plus de 50 pays regroupés dans la Via Campesina.

Pour la première fois, l'Union paysanne permet aux urbains et aux ruraux de s'asseoir ensemble pour choisir l'agriculture, l'alimentation et la campagne de demain. En ce sens, l'Union paysanne rejoint le grand mouvement de la société civile qui se porte plutôt bien ces temps-ci, à l'air de Porto Alegre…

Union paysanne, 453, Principale, St-Germain-de-Kamouraska, GOL 3G0

Tél. 418-492-7692 téléc. 418-492-6029 courriel 0 maisondu.rendez-vous@sympatico.cab0

Site web 0 www.unionpaysanne.com (formule d'adhésion sur le site).