Prêcher par excès

 


Livre 0 Damnée passion



Quelque part entre les dernières sections des petites annonces des journaux (Escortes, Massages, Érotica) et la première page sanglante du quotidien du matin, dix doigts coupés flottent dans l'eau d'un bol de toilette. Juste à côté, le cadavre d'une femme, et les restants d'une toile. Apparaît alors autour de cette scène qui ouvre le premier roman de Christine Hébert un lieutenant-détective libidineux, des artistes-peintres colocataires qui font tout pour l'art, une lectrice d'histoires pour cassette audio, des prostituées défoncées, et une importante exposition qui se prépare au Musée d'Art Contemporain.

Si l'alternance de point de vue est une bonne structure narrative, elle semble ici être mal maîtrisée, même si elle débouche sur le dialogue. Que le roman s'élève rarement au-dessus des clichés du discours social sur le sexe, la drogue, la prostitution et le sado-masochisme ne contribue en rien à renforcer ce fait. Et avec une telle utilisation des mots foutaise, nibard, pécune, W. C., ça craint pour l'avenir du cash et des tètes. À ranger quelque part entre La dame blanche de Francis Bossus, Bienvenue dans mon cauchemar de Marie Gagnon.

Damnée passion, Christine Hébert, Lanctôt Éditeur, 2001