La simplicité involontaire

 


Le vol de la caisse



Obtenir un droit s'est souvent fait dans l'agitation, la violence et la lutte, et notre époque absurde veut qu'il faille travailler plus pour avoir le droit d'avoir droit à l'assurance-chômage. C'est ce que montre le documentaire Le vol de la caisse d'Éric Michaud qui, parce qu'il est accessible comme un long reportage fouillé, nous conscientise sur la dérive que notre système a pris.

Ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'avant la signature du traité de libre-échange en 1989 avec les États-Unis, les employés, les employeurs et l'État versaient une cotisation dans la caisse d'assurance-chômage. Depuis, en plus des vagues successives de coupures, l'État canadien s'est déresponsabilisé de sa cotisation, tout en empochant les surplus. En plus, il a resserré les critères d'admissibilité, en rendant par exemple le départ volontaire d'une entreprise non couvert par la loi, ce qui équivaut à bâillonner dans une certaine mesure les employéEs. Le caractère universel du régime canadien d'assurance-chômage n'est plus depuis longtemps la priorité des politiques.

Le film, qui se veut aussi un manuel pratique de contestation, suit les actions menées par un comité de chômeurs aux dernières élections fédérales pour changer la loi fédérale, ainsi que la campagne d'un candidat NPD. Que la misère soit un vecteur important de la détérioration du tissu social ne touche pas l'honorable ministre Paul Martin, qu'on voit dans ce film, hors de tout doute, renier sa parole et son engagement, pour se cacher derrière une commission parlementaire qu’il n’écoutera que pour « tabletter » les recommandations du Comité des chômeurs. Même si le documentaire ne nous décourage pas, c'est à se demander si nos politiciens sont conscients qu'à force de ne pas respecter, ni même d'entendre le peuple, ils créent l'instabilité et appauvrissent la population. Et malheureusement, l'agitation, la violence et la lutte redeviendront un moyen en notre époque absurde pour forcer les représentants que nous élisons, qui nous volent et qui nous traitent injustement, à respecter leurs engagements.

À l’affiche du 3 au 16 mai au cinéma Parallèle, 3536, boul. Saint-Laurent, Montréal.