Pour un boycott des produits israéliens et le gel des transferts de capitaux vers Israël

 

Saluons l'initiative du Bloc québécois qui propose de suspendre des sections de l'accord de libre-échange de 1997 entre le Canada et Israël. Les biens produits dans les territoires palestiniens et portant la mention « fait en Israël » ne bénéficieraient plus du tarif préférentiel tant que le gouvernement Sharon n'aurait pas retiré ses troupes des territoires occupés.

Le geste serait d'abord « symbolique » comme le soulignait Pierre Paquette, le député qui mène le dossier, mais c'est un pas dans la bonne direction. Il est plus que temps de dépasser les souhaits, vœux et autres résolutions vaseuses.

Nous sommes écoeurés du discours du gouvernement canadien et de ses semblables qui mettent sur le même pied l'agression israélienne et le « terrorisme» palestinien, comme si les Palestiniens pouvaient opposer quelque chose de comparable à une armée qui dispose de 19 divisions de fantassins opérationnelles (alors que les États-Unis n'en ont présentement que 13 à travers le monde) et dont les avions F-15 et F-16 peuvent effectuer 3000 sorties par jour (contre 1600 pour les États-Unis). Rappelons que Tsahal reçoit bon an mal an, depuis les années 1970, des armements pour une valeur de 3 milliards $ annuellement.

Nous sommes profondément écoeurés de ce discours qui renvoie dos à dos F-16 et kalachnikovs, blindés et coktails molotov, mais nous pouvons aussi parler de réciprocité, si c'est le langage qu'il faut tenir. À la Chambre des Communes, Stockwell Day, l'ex-chef de l'Alliance canadienne, a proposé de faire cesser toute collecte de fonds pour le Hezbollah sous prétexte que ce mouvement tire des roquettes sur Israël.

D'accord. Mais à la condition que, par ce souci d'équilibre qui lui tient lieu de politique, le gouvernement canadien interdise toute collecte de fonds en faveur d'Israël par les organisations juives comme le Congrès juif canadien, Bnai Brith et autres organismes similaires.

Ce serait une bonne idée que le Bloc aille de l'avant dans cette direction, qu'il dépasse les mesures purement symboliques. Qu'il organise un véritable boycott des produits israéliens et qu'il réclame le gel des millions de dollars qui s'envolent chaque année du Canada vers Israël. Que les dirigeants du Bloc qui possèdent des cartes de membre des Amitiés Canada-Israël les déchirent publiquement serait une preuve supplémentaire de sa détermination.

Ils pourraient également demander à leurs collègues du Parti québécois de rompre les liens privilégiés développés au cours des dernières années avec le gouvernement israélien et renouer avec la politique de soutien à la cause palestinienne qui était celle du Parti québécois à ses origines.

Rappelons que c'est lors du congrès de l'automne 1990, en pleine Guerre du Golfe, que le Parti québécois avait changé d'alliance. Le député péquiste Michel Bourdon avait, à cette occasion, accusé publiquement Bernard Landry d'avoir manœuvré pour expulser la délégation palestinienne du congrès afin de faire de la place au consul général d'Israël.

La stratégie israélienne est claire. Détruire totalement les infrastructures de l'Autorité palestinienne, décapiter systématiquement le mouvement par les assassinats de ses dirigeants, transformer la Palestine en bantoustans – dont le modèle a été copié sur les réserves indiennes du Canada – entourées de colonies de peuplement juives.

Il serait étonnant que ceux qui jonglent avec les plans de partition du Québec, en cas de vote en faveur de la souveraineté, ne s'intéressent pas de près à une situation créée par la partition de la Palestine en 1948.

Est-il exagéré de penser que l'état-major de l'armée canadienne suit avec grande attention les opérations de Tsahal, lui qui préparait à la fin des années 1970 d'autres plans d'invasion du Québec, comme le raconte la biographie de Jacques Parizeau en rappelant les révélations de l'officier Sauvé ?

La comparaison va sembler énorme et disproportionnée – et elle l'est assurément – mais n'est-ce pas ce que visaient en essence les autorités fédérales avec l'occupation militaire du Québec de 1970 et les arrestations massives des dirigeants du mouvement indépendantiste ?

Apportons un soutien concret à la cause palestinienne. Boycottons les produits israéliens et réclamons l'interruption de tout envoi de capitaux en direction d'Israël.