Riel le Québécois

 


Livre 0 Louis Riel, le Bison de cristal



Si Louis Riel, le Bison des Prairies qui se voyait comme « le prophète du Nouveau Monde », a été interné, tour à tour, à l'asile de la Longue-Pointe, près de Montréal, et à l'asile de Beauport, près de Québec, c'est qu'il était un Bison de cristal, selon la belle expression d'Ismène Toussaint. Seul le Québec, « mère » protectrice de Riel, pourra saisir toute la portée du rêve de cristal de cet écorché vif qui a fait de notre ceinture fléchée le symbole de la délivrance des métis, des Amérindiens et même de toutes les ethnies du continent.

Le vrai métis l'est par le cœur. En ce sens, les Canadiens français paraissent « plus métis que les métis eux-mêmes », ose dire Riel. Honoré Mercier n'exagère pas en appelant Riel son « frère ». Les aspirations du Québec annoncent l'Amérique du Nord à laquelle rêve le prophète.

Pour que les Amérindiens, les métis et les immigrants échappent à la déculturation et au lavage de cerveau, il faut, selon Riel, permettre à tous les peuples de l'Amériques du Nord, anciens et nouveaux, d'avoir chacun leur pays, leur langue et leur rêve. Le chef métis refuse les États-Unis centralisateurs de Hamilton et le One country, one flag, one language de Macdonald. Voilà bien la folie de Louis Riel, mais aussi le seul projet révolutionnaire de l'histoire du continent.

Louis Riel, le Bison de cristal, Ismène Toussaint, Stanké, 2000