La loi antiscab est payante pour le monde ouvrier

 

Bien qu’elle se proposait de toute évidence à nous démontrer le contraire, l’économiste Norma Kozhaya de l’Institut économique de Montréal (IEDM) a prouvé que la loi antiscab est payante pour le monde ouvrier. Dans son article paru le 20 août dans la Presse, l’économiste du think tank néolibéral favori de l’ADQ cite une étude effectuée par des chercheurs étatsuniens sur la situation dans l’ensemble du Canada et du Québec.

Selon les auteurs, la probabilité d’une grève lors de la négociation de contrat lorsqu’il y a une loi antiscab est presque de deux fois supérieure que quand il n’y en a pas.

De plus, nous apprend Mme Koszhaya, « la durée moyenne d’une grève est de 86 jours s’il y a restriction sur l’embauche de travailleurs de remplacement et de 54jours en l’absence de telles lois ». 32 jours de grève de plus constituent « un chiffre statistiquement très significatif », conclut l’économiste.

Des grèves plus nombreuses et plus longues, mais qui donnent des résultats. Citant toujours la même étude, Mme Koszhaya nous apprend que « l’effet réel sur les salaires réels de ces législations est une augmentation moyenne de 2 % par an sur la durée des contrats, comparativement à une situation où les firmes peuvent embaucher des travailleurs de remplacement ».

Mais est-ce que ce gain salarial compense les pertes encourues par les travailleurs lors des grèves ? « Oui, affirment les chercheurs. Les gains en salaires plus élevés dépassent les pertes en termes de jours additionnels de grève et de plus grande fréquence de grèves. »

Les faits contredisent l’idéologie

Alors, on se demande pourquoi Mme Koszhaya a titré son article « Efficace, la loi “ antiscabs” ? De récentes études remettent en question l’efficacité de telles lois ».

C’est que Mme Koszhaya travaille pour un organisme pro-patronal et d’orientation néolibérale. Elle essaie bien de nous convaincre, à la fin de son article, que ce qui « peut sembler avantageux à court terme pour les travailleurs » ne l’est peut-être pas à long terme si la hausse des salaires réels n’est pas associée à une hausse de la productivité. Car cela aurait, selon elle, comme conséquence de rendre la main-d’œuvre plus coûteuse et d’en réduire la demande.

Cela n’est rien d’autre que le charabia néolibéral habituel pour s’opposer à toute mesure progressiste. Les choses sont pourtant simples. Les gains de productivité signifient produire plus avec moins de main-d’œuvre. Ils ne créent pas d’emplois, mais du chômage. Ils ne sont pas répartis en salaires, mais sont accaparés en profits par les employeurs.

La grève permet aux travailleurs d’en récupérer une part et, selon l’étude des chercheurs étatsuniens, la loi antiscab améliore leur rapport de forces.

Remercions Mme Koszhaya de nous avoir fait connaître cette étude et souhaitons lui longue vie à l’Institut économique de Montréal.