Un syndicat en congrès « familial »

 

Quand nous sommes arrivés au début de l’après-midi à l’hôtel rimouskois où devait se tenir le congrès du syndicat des techniciens d’Hydro-Québec (section locale 957 du SCFP–FTQ), la salle était déserte. Finalement, on nous informe que les congressistes passent l’après-midi au parc du Bic et que nous sommes invités au méchoui en fin de journée. « Drôle de congrès, que je me dis… au moins je comprends pourquoi ils font ça au mois d’août. »

Arrivés au méchoui, nouvelle surprise ! Alors que j’avais prévenu ma conjointe de s’attendre à trouver une « gang de gars » – les techniciens sont en très grande majorité des hommes – les femmes sont en nombre aussi important et il y a une trâlée d’enfants.

Nous sommes-nous trompé d’endroit, trompé de congrès ? Mais non, nous sommes bientôt accueilli par Pierre Rousseau, le président du syndicat, qui a tôt fait de nous expliquer que nous participons à un « congrès familial », un concept original, peut-être unique au Québec. Le lendemain, Pierre Rousseau, avec Pierre Beaubien, le secrétaire-trésorier, allaient nous en expliquer l’origine et le fonctionnement.

Les conjointes ont fait évolué le concept

Le lendemain matin, dès 8 h, je me retrouvais devant une salle plus conforme à mes attentes – une forte majorité d’hommes – pour présenter l’association Les AmiEs de l’aut’journal. Pendant ce temps, les enfants prenaient le chemin de la piscine et les femmes – de même que quelques hommes – s’apprêtaient à participer à l’atelier des conjointes… et conjoints. La veille, les enfants et les adolescents avaient eu droit à un atelier sur le syndicalisme.

Quand, finalement, les deux Pierre peuvent se libérer quelques instants, j’ai déjà une bonne idée du fonctionnement d’un « congrès familial ». Ça commence tôt – je ne le sais que trop bien. Mais ça se termine également tôt 0 13 h.

L’après-midi et la soirée sont consacrées aux activités familiales. Hier, c’était le parc du Bic. Aujourd’hui, c’est la visite au Jardin de Métis. Il y a aussi partie de balle molle « familiale », piscine, golf, minigolf, visite au Musée de la mer, canot, pédalo, ateliers de théâtre et danse sociale, selon le programme du congrès.

« C’est le quatrième congrès familial que nous tenons, mais le concept a beaucoup évolué depuis le premier, il y a douze ans, m’explique Pierre Rousseau. Au départ, l’horaire était de “ 8 à 5 ”. Ça ne laissait pas grand-place aux activités familiales. Les conjointes avaient l’impression de faire du gardiennage. On a alors convenu de réduire l’horaire, mais de l’étaler sur un plus grand nombre de jours. »

Est-ce que le secrétaire-trésorier, Pierre Beaubien, a senti venir ma question sur les coûts supplémentaires occasionnés par un tel congrès, toujours est-il qu’il s’empresse d’ajouter 0 « Sur quatre jours de congrès, deux sont des libérations syndicales, les deux autres sont aux frais des congressistes, pris sur leurs journées de vacances.»

C’est dire la popularité du concept. Déjà, les chiffres sur la participation en témoignaient 0 54congressistes, 15 conseillers, 50conjointes, 80 enfants.

La reconnaissance par la famille de l’implication syndicale

Les deux Pierre sont convaincus du bien-fondé de l’approche. « Les gens se voient sous un nouvel angle. C’est la reconnaissance par la famille du travail syndical.

« Cette solidarité qui se crée est importante pour un syndicat comme le nôtre qui a des membres dispersés sur l’ensemble du Québec. Quand je téléphone à un délégué à son domicile et que sa conjointe répond, on se connaît. Ça donne un syndicalisme à visage humain, raconte Pierre Rousseau.

« Mais un congrès reste un congrès. Il faut que les règles soient claires au départ. C’est d’abord un congrès. Ça peut nous obliger à tasser certaines activités », nous précise un Pierre Rousseau quand même un peu inquiet de savoir s’il pourra se libérer pour participer aux activités sociales de l’après-midi.