La Coalition Eau Secours! fête deux victoires coup sur coup!

Nous venons de loin…

* Le 26 novembre, le gouvernement du Québec annonce l'avènement d'une politique de l'eau pour le Québec et l'arrêt des projets de construction de barrages privés sur les chutes du Québec.

Depuis sa création, constatant les incohérences de la gestion de l'eau, la Coalition Eau Secours! revendique une politique de l'eau. De pressions en pressions, en réseau avec de nombreux groupes de citoyens de la province, elle obtient un Symposium sur l'eau à l'automne 1997, puis une Commission sur la gestion de l'eau au Québec (commission Beauchamp) et finalement une politique de l'eau !

Imaginez le chemin parcouru! le nombre de conférences? de réunions? d'interventions publiques de tous ordres! Ce travail, cette implication se doit d'être soulignée Dans la vie des bénévoles qui s'échinent à la militance quotidienne, il est impératif de célébrer cette étape, peu importe ce qui nous attend sur la longue route qui nous mènera à l'obtention d'Une loi de l'eau qui, dans les faits, permettra une gestion responsable de l'eau dans une perspective d'équité, d'accessibilité, de santé publique, de développement durable et de souveraineté collective sur cette ressource vitale et stratégique.

Landry dit non aux petites centrales

Quand le ministre Brassard ressuscita le projet de petites centrales condamné par la Commission Doyon (voir encadré), le Comité rivières d'Eau Secours!, outré de cette démarche, donna naissance à une grande coalition pour aider les citoyens et citoyennes à se mobiliser pour sauver leurs chutes et rivières. (Coalition avec l'Union québécoise pour la conservation de la nature, Aventure Écotourisme Québec, la Fédération québécoise du canot et du kayak, la Société du Canada pour la nature et les parcs)

Rivière par rivière, chute par chute, les citoyens se mobilisèrent contre les effets de ce programme. Avec l'aide de personnalités publiques qui parrainent et marrainent des rivières, des fonds pour aider les comités de citoyens locaux, sont plus facilement recueillis.

Les comités de citoyens utilisèrent tous les moyens pour infléchirent les idylles locales et le gouvernement. Recours légaux, mobilisation citoyenne et action directe comme celle de Mikael Rioux de Trois-Pistoles qui se suspendit avec de l'équipement d'escalade au-dessus de la rivière. Ces histoires de luttes locales devront un jour être racontées en détail.

Le 26 novembre, le Premier ministre annonce la fin de la plus grande partie du programme de production privé d'électricité (Minicentrales sur les chutes). La politique de l'eau est enfin là. Une première au Québec.

Alors! Mes frères et mes sœurs, aussi bien savourer et fêter cette étape!

Demain la bataille reprend.

Bref rappel de l'histoire des mini-centrales privées sur les chutes et rivières

Déjà, en octobre 1985, Michel Clair, ministre de l'Énergie et des Ressources dans le cabinet de Pierre-Marc Johnson, jonglait avec la possibilité d'introduire une nouvelle catégorie de production d'électricité. Sous l'influence de groupes environnementaux qui prônaient la l'utilisation d'alternatives aux grands barrages, et de promoteurs avides de s'accaparer une part de la production d'électricité d'Hydro-Québec, le ministre se mit à jongler avec la possibilité de permettre la production d'électricité avec des déchets domestiques et autres résidus de procédés de production de grandes entreprises.

Les promoteurs de tout acabit ne furent pas longs à se présenter en ligne devant les bureaux du ministre de l'Énergie, chacun avec son plan. Ainsi apparurent les premiers projets de petites centrales privées sur les rivières du Québec.

En 1988, le Syndicat canadien de la fonction publique au Québec réalisa le vidéo Complot à Hydro qui soulignait le risque de privatisation d'Hydro-Québec et tint un colloque sur la question. Mais ce ne fut pas assez pour ralentir les ardeurs des promoteurs et de certains margoulins politicailleux. Les libéraux reprirent le pouvoir et lancèrent un programme de production d'énergie par d'autres moyens que les grands barrages.

Hydro-Québec reçut l'ordre de faire l'inventaire de tous les barrages désaffectés sur les rivières, de régler tous les baux et droits de propriétés qui avaient été acquis lors de la nationalisation de l'électricité en 1963 et de rétrocéder le tout au ministère des Ressources naturelles. Ce dernier peaufina alors son programme de production d'électricité par le secteur privé.

Plus tard, John Ciaccia, ministre du Parti Libéral, autorisa la construction d'un premier petit barrage privé à Côte-Saint-Catherine sur un terrain fédéral accolé à la canalisation du Saint-Laurent. Des militants contre la privatisation et pour l'environnement se sont ensuite intéressés au dossier, si efficacement qu'ils ont obligé le gouvernement péquiste, qui était revenu au pouvoir, à tenir une commission d'enquête sur le sujet, la Commission Doyon.

Après avoir déclaré publiquement que l'attitude des libéraux était immorale dans ce dossier, l'ancien ministre Guy Chevrette, remit quand même sur les rails ce programme de privatisation de la production d'Hydro-Québec. Ensuite, le ministre Brassard prit à bras le corps la politique et relança des appels d'offres pour 36 rivières.

*président de la Coalition Eau Secours!

Note au lecteur : Afin de faciliter la lecture, chacune des références précises n'apparaît pas dans le texte. Elles proviennent du BAPE, de la commission Nicolet, de la commission Doyon et du site de référence d'Eau Secours! - La Coalition québécoise pour une gestion responsable de l'eau à : www.eausecours.org