Le parti avant la patrie, pour Landry

Landry est prêt à faire de la proportionnelle l’enjeu majeur de la prochaine élection, mais il s’avoue incapable de vendre à son parti l’idée de libérer un certain nombre de comtés pour des candidats de gauche qui ne se présenteraient pas sous la bannière péquiste ». Telle est la réponse du chef du Parti québécois à la proposition que nous avons mise de l’avant dans les pages de l’aut’journal au cours des derniers mois. Cela n’étonne pas d’un chef de parti dont le peu d’ascendant est apparu dans son incapacité à vendre à son caucus une motion, pourtant fort timide, pour régler l’affaire Michaud.

Le sondage est roi

Cependant, la cause principale de ce rejet est, bien entendu, la remontée du PQ dans les sondages. Notre proposition formulée dans le cadre d’un « plan de match pour bloquer l’ADQ » a suscité beaucoup d’intérêt dans les rangs péquistes au printemps dernier lorsque l’ADQ trônait en tête des sondages et que le PQ était en chute libre.

La gauche, et surtout le mouvement syndical, auraient pu imposer une telle entente au PQ et négocier un certain nombre de comtés pour des candidatures progressistes qui se seraient présentées sous la bannière de l’Union des forces progressistes (UFP) ou « gauche-indépendant ». L’UFP a rejeté notre proposition. Le mouvement syndical semble vouloir aborder l’élection avec sa position traditionnelle: ne donner aucun appui officiel à un parti, mais présenter une évaluation des programmes des différents partis politiques. Une approche qui ne peut que favoriser le PQ.

Cela semble être également la démarche du groupe D’abord solidaires, mis de l’avant par Françoise David. Certes, on sera critique à l’égard de l’aile droite du PQ, les Facal et compagnie, mais au moment du vote, si le scrutin est le moindrement contesté, c’est le PQ – et non l’UFP – qui empochera les fruits de cette démarche. Telle est la loi d’airan de notre mode de scrutin.

Le grand parti des abstentionnistes

Il reste à savoir si cette démarche convaincra les péquistes déçus et les progressistes à exercer leur droit de vote. Le concurrent le plus sérieux du PQ et de l’UFP, c’est le Parti des abstentionnistes. Aux dernières élections fédérales, c’est lui le responsable de l’important recul du Bloc québécois.

Notre proposition avait, entre autres, pour objectif de combattre la morosité et de secouer la léthargie des abstentionnistes. Le PQ aurait mis « la patrie avant le parti ». La gauche serait sortie de sa marginalité politique. Cela aurait sans doute permis l’élection d’un Amir Khadir dans Mercier et de d’autres candidatures progressistes.

Mais, attendons encore un peu avant de tourner la page. Les élections ne sont pas encore déclenchées et d’autres sondages pourraient modifier la donne.