Le pays des Gros Gras

Au pays de la malbouffe, les États-Unis, il est presque impossible si on veut se sustenter au cinéma de se retrouver avec autre chose qu’un deux litres de Coke et un seau de pop-corn. C’est également vrai au Québec. Saviez-vous que cela découle d’une stratégie de l’industrie agro-alimentaire ? Une stratégie qui fait que six Américains sur dix sont obèses. Deux fois plus qu’en 1970. C’est ce que nous apprend Greg Critser dans son livre Fat Land.

Greg Critser nous raconte l’histoire de David Wallerstein, l’homme à l’origine du « Gros Format ». Au cours des années 1960, Wallerstein oeuvrait dans une chaîne de cinéma. Son travail consistait à augmenter les ventes de liqueurs douces et de pop-corn dont dépendait, en grande partie, l’entreprise pour sa rentabilité.

Wallerstein s’est rapidement rendu compte que ses promotions de « Deux pour un » ne fonctionnaient pas. Acheter une deuxième portion était mal vue dans une civilisation où la gourmandise est un péché capital. Wallerstein eut alors l’idée géniale du « Gros Format ». Puis, Wallerstein passa chez McDonald’s où il inventa le Big Mac et la portion de frites jumbo. La civilisation du « Gros Format » était née !

Dans Fat Land, Greg Critser cite des études qui démontrent que la faim est élastique. Si on leur présente des portions plus généreuses, les êtres humains peuvent manger jusqu’à 30 % de plus que ce qu’ils auraient normalement ingurgités.

L’économie de la gourmandise

Les stratégies de Wallerstein arrivaient à point nommé. Critser rappelle l’important tournant pris par le gouvernement américain à l’égard de l’industrie agro-alimentaire en 1971. Une augmentation des prix des denrées alimentaires avait alors provoqué la colère des consommateurs. Le président Nixon, aux prises avec l’agitation contre la guerre du Viêt-nam, a alors chargé son secrétaire à l’agriculture, Earl Butz, de prendre toutes les mesures nécessaires pour faire baisser les prix. Butz simplifia la réglementation, abaissa les barrières tarifaires et augmenta les subventions à l’industrie agro-alimentaire.

Le succès de ces mesures fut tel que l’industrie se retrouva avec un problème. L’agro-business produit aujourd’hui 3 800 calories par jour par Américain, soit 500 calories de plus qu’il y a trente ans. Une augmentation beaucoup plus rapide que celle de la population américaine. La solution était trouvée à la surproduction: faire en sorte que les gens mangent plus !

Bon cinéma !