« Ça passe ou ça casse »

Ultimatum des syndiqués à Pratt and Whitney Canada

Exaspérés par la suite de mauvaises nouvelles, les mises à pied et l’attitude arrogante de la compagnie Pratt and Whitney Canada, le local 501 du syndicat des Travailleurs Canadiens de l’Automobile (TCA) a lancé le mois dernier un ultimatum à la compagnie : la direction devra définir avant le mois d’avril quel sera l’avenir des usines de Longueuil et St-Hubert, autant en termes de travail à effectuer que de nombre d’emplois, faute de quoi les salariés arrêteront totalement de s’impliquer dans l’amélioration des produits et de l’efficacité.

« Ça pourrait représenter la mort de l’usine à long terme, c’est la game qu’on joue », explique Camille Larochelle, président du comité d’usine, bien conscient de l’impact potentiel de tels moyens de pression. « Présentement, on se tire une balle dans le pied! Depuis douze ans, on en a amélioré des affaires, et c’est ces affaires-là qu’ils prennent quand c’est rendu facile et qu’ils envoient ailleurs. » Pratt and Whitney a en effet annoncé en mars dernier le transfert complet de sa production d’engrenages vers la Pologne.

Les transferts de production vers d’autres usines du Canada ou de l’Europe sont devenus monnaie courante pour la compagnie. Alors que cette dernière employait 4200 syndiqués sur la rive-sud de Montréal en 1990, ce nombre est tombé à environs 2000 depuis, soit une perte de plus de la moitié des postes syndiqués.

Lors des derniers transferts, la compagnie avait assuré que les emplois perdus seraient remplacés grâce à l’arrivée de nouveaux produits ou au rapatriement de pièces de sous-traitants nord-américains. Pourtant, Pratt and Whitney Canada vient d’annoncer la fermeture d’une de ses usines de Longueuil et la relocalisation de sa production dans l’espace libéré par le déménagement des engrenages vers la Pologne. C’est donc dire que les emplois perdus au profit de la Pologne seront remplacés…par d’autres emplois déjà existants dans la région.

Cette annonce a représenté la goutte qui a fait déborder le vase pour le syndicat, qui était toujours resté méfiant face aux promesses de la direction. L’annonce de l’ultimatum a été suivie d’une manifestation de plus de 1000 personnes qui ont défilé devant les locaux de la compagnie.

Un sondage et peut-être même une assemblée générale seront organisés par les TCA pour connaître l’opinion des syndiqués sur les prochaines offres de la compagnie. Les membres décideront ensuite s’ils mettent leurs menaces à exécution, ce qui rendrait l’usine moins productive et efficace. M. Larochelle se dit prêt à assumer les conséquences d’une telle baisse de l’implication des travailleurs et la possibilité de nouvelles mises à pied car, dit-il, le dossier doit absolument se régler avant les négociations de la prochaine convention collective. Selon lui, la direction est extrêmement nerveuse depuis le lancement de l’ultimatum. « Ça pourrait devenir assez rough et assez corsé dans les prochains mois », conclut-il.