Le mauvais génie doit être remis dans la bouteille

Échec à l’ADQ

À l’ombre du Québec pacifiste et de ses trois mobilisations records de plus de 200 000 personnes, s’est levé, avec plus de discrétion mais une même détermination, le Québec social-démocrate pour faire échec à l’ADQ. Deux mouvements parallèles mais complémentaires parce que luttant contre une même idéologie. Car, malgré sa discrétion sur l’offensive anglo-américaine en cours, l’ADQ fait bel et bien partie de la même famille politique que les néo-conservateurs américains et les alliancistes canadiens, tous deux partisans de la guerre contre l’Irak.

Mario s’y est cassé les dents

Les sondages qui accordaient 40 % des suffrages et laissaient entrevoir la possibilité d’un gouvernement adéquiste se sont mis à dégringoler quand la population – jusque là enivrée par un goût de changement – a réalisé la portée du programme politique du parti de Mario Dumont. L’ADQ et ses idées néolibérales s’est cassé les dents sur le vieux fonds social-démocrate québécois.

Que le Québec résiste depuis plusieurs années au vent de droite venu des États-Unis tient à sa culture particulière de nation opprimée, mais aussi à l’importance du mouvement syndical. Plus de 40 % de la main-d’œuvre est syndiquée au Québec, comparativement à 32 % dans le reste du Canada et à peine 13 % aux États-Unis.

Quand Dumont a annoncé qu’il remettrait en cause la formule Rand, l’accréditation syndicale, et la sécurité d’emploi dans la fonction publique, le mouvement syndical a réagi avec promptitude et vigueur. La FTQ, mais également la CSN et la CSQ pourtant peu enclines à l’action politique partisane, se sont jetées dans la bagarre pour faire barrage à l’ADQ.

Malgré le recul de l’ADQ dans les sondages, la bataille n’est pas gagnée. La répartition des intentions de vote en faveur de l’ADQ est inégale selon les régions. Il est toujours possible que soient élus un nombre suffisant de candidats adéquistes pour lui permettre de jouer un rôle important à l’Assemblée nationale, voire de détenir la balance du pouvoir dans l’éventualité d’un gouvernement minoritaire.

Tout doit être mis en œuvre pour faire battre les candidats adéquistes. Le mauvais génie doit être remis dans la bouteille. Combattre le néolibéralisme, c’est bloquer l’ADQ !

Une réforme du mode de scrutin pour que le Québec s’exprime

Que le cœur du Québec batte à gauche, le Parti québécois l’a bien compris. Depuis plus de six mois, il a aligné les politiques progressistes. Dans la course actuelle, alors que l’ADQ et le PLQ ont pour thème principal deux orientations néolibérales – rembourser la dette dans le cas du premier et réduire les impôts dans le cas du second – le PQ a choisi de faire campagne sur la promesse d’investir dans les services publics.

Cependant, nous serions naïfs de lui faire aveuglément confiance. Pouvons-nous oublier que Bernard Landry a été un des artisans de la politique du Déficit zéro ?

De plus, force est de constater que le Parti québécois n’a pas su – ou n’a pas pu – renouveler son équipe. Nous n’y retrouvons pas de figures de proue du mouvement syndical, ni du mouvement social et des milieux progressistes.

En fait, le Parti québécois n’est plus la grande coalition de souverainistes couvrant l’ensemble du spectre politique qu’il a été au cours des années 1970. De larges secteurs des milieux progressistes en sont absents. Une réalité que reconnaît, par exemple, Jacques Parizeau en proposant de réunir les différentes composantes souverainistes au sein d’un Conseil de la souveraineté, débarrassé des restrictions décrétées par Bernard Landry.

Sur le plan électoral, seul le scrutin proportionnel permettra aux différentes forces souverainistes d’exprimer les intérêts de classes et de groupes sociaux qu’elles représentent et de reconstruire une alliance entre elles.

Les trois principaux partis politiques ont signifié leur accord à une réforme de notre mode de scrutin mais, pour que celle-ci se réalise, il faudra une pression politique significative du mouvement syndical dès le lendemain du scrutin. Que l’Union des forces progressistes réalise un score respectable lors de ce scrutin serait également un atout pour l’obtention de cette réforme.

Faire élire Amir Khadir

L’UFP est une coalition de trois partis de gauche. Ce n’est pas encore un véritable parti. Son programme reprend les grandes idées et revendications du mouvement anti-mondialisation des dernières années, avec ses forces et ses faiblesses. Au nombre de ces dernières, soulignons son incapacité à exprimer et articuler les revendications linguistiques, culturelles et nationales du Québec dans le cadre de la lutte contre la Zléa. En fait, la faiblesse de l’UFP à ce chapitre n’est que la continuation de celle de la gauche québécoise des trente dernières années.

Malgré tout, l’UFP exprime l’espoir et les aspirations de nouvelles générations de militantes et militants. Bien qu’elle soit handicapée par la nécessité de bloquer l’ADQ et les contraintes de notre mode de scrutin, il est impératif que l’UFP, plus particulièrement ses candidats vedettes, fassent un score respectable.

Nous avons défendu la thèse que la gauche devrait concentrer ses efforts pour faire élire au moins un candidat. Sans représentation à l’Assemblée nationale, la gauche n’existe pas. De plus, nous partageons l’idée émise par Gaétan Breton que tout mouvement de contestation au Québec doit d’abord percer dans le cœur de Montréal. C’est pourquoi, nous appuyons plus particulièrement les candidatures d’Amir Khadir, Omar Aktouf et Gaétan Breton, respectivement candidats dans Mercier, Rosemont et Sainte-Marie-Saint-Jacques. Nous pensons qu’il y a une possibilité qu’Amir Khadir puisse être élu dans Mercier et que toutes les énergies possibles devraient y être concentrées.

Enfin, étant donné l’importance de la pauvreté et du débat autour de cette question au cours de la présente campagne, nous appuyons également la candidature indépendante, appuyée par l’UFP, du porte-parole du Front commun des personnes assistées sociales du Québec, Jean-Yves Desgagnés, candidat dans le comté de Jean-Talon à Québec.