Le temps du refus

Poème pour la paix

Dans nos salons un soir de janvier il y a douze ans nous avons vu

En pleine nuit un ciel pâle percé d’une multitude d’éclats

Une chute d’étoiles brûlantes traverser portes et fenêtres

Dans un ballet où plus rien d’humain ne subsistait

On a voulu nous faire croire que l’équivalent d’Hiroshima

De plusieurs fois toutes les bombes de la Deuxième Guerre mondiale

Ne toucherait que des bâtiments vides laissant la vie intacte

De père en fils la manipulation continue

Bagdad attend interminablement et sait ce qui l’attend

Des femmes des hommes des enfants semblables à nous

Veillent sans fermer l’œil enveloppés dans leurs amours

Imaginent une pluie de fer et d’acier encore plus meurtrière

Des dizaines de milliers de morts dès les premières heures

Le hurlement des mères l’enfant arraché du sein en un éclair

Génocide cyniquement planifié par les intégristes du profit

De père en fils la manipulation continue

Des soldats entreront dans la ville enfonçant des éclisses

Dans le ventre des femmes et la mémoire des poètes

Broyant l’espoir et le turquoise antique des minarets

Ils calcineront l’avenir sur les murs pour qu’on se souvienne

Laissant une débâcle d’oiseaux et de cris dans le ciel en feu

Des ruines sans fin dans les rues les champs et les yeux

De père en fils la manipulation continue

La nuque raidie par l’ignorance et la soumission aveugles

Les guerriers du capital entreront dans un désert de sang et de cendres

En rangs serrés comme les bombes tombées du ciel

Ils se chargeront d’exécutions sommaires comme de simples transactions

Avec l’objectivité servile avide de pions repus rompus aux ordres

De père en fils la manipulation continue

Resterons-nous encore immobiles devant nos téléviseurs

Quand une poignée de vautours ivres de pouvoir

Sèmeront la mort en notre nom aux quatre coins de la terre

Comme si la vie n’était plus qu’une marchandise à leur solde ?

Aujourd’hui NON rime avec liberté