Les médias et la guerre

Bush impressionne Bureau

Au téléjournal de Radio-Canada, il fallait voir « l’ego gonflé » de Stéphane Bureau incapable de dissimuler son excitation d’être propulsé tout à coup à l’avant-scène médiatique. Comme si l’auditoire de Radio-Canada était incapable de comprendre le minable discours du président Bush annonçant le début de l’agression américaine contre l’Irak, des experts et des journalistes tentaient de le lui expliquer.

Et Bureau de qualifier de « fort » le discours de Bush et d’insister sur le fait que le président a précisé ne viser que le dictateur Saddam Hussein, non la population civile irakienne. « Nuance », dit « l’ego gonflé », presque en extase devant tant de « sagesse » américaine. Comme si le dictateur et sa suite allaient agiter des drapeaux pour signaler leur présence...

Pour une guerre « propre »

« Ce serait vraiment extraordinaire si cette guerre ne faisait pas de victimes civiles », s’est exclamé avec le plus grand sérieux un animateur de la radio de Radio-Canada. En supposant qu’une telle chose soit réaliste, cette guerre serait-elle pour autant une « bonne » guerre, justifiée et légale ? La destruction de son pays ne peut que nuire à la population qui y vit.

Touché !

Sur le terrain, les bavures militaires remettent en question les affirmations maintes fois répétées par Rumsfeld & cie selon lesquelles les frappes chirurgicales de l’armée américaine sont exemptes d’erreurs et n’atteindront pas les populations civiles. Difficile de le croire quand nous apprenons que les fusées des Américains sont si précises qu’elles abattent leurs propres avions et hélicoptères !

Une libération « étoilée »

Devant la promesse de George W. Bush de « libérer » les Irakien-nes de leur dictateur de président et d’instaurer la démocratie dans un pays qu’il se propose d’occuper, on pourrait se montrer plus critique et cesser de parler d’une guerre de « libération » comme d’un fait. La télévision nous a pourtant montré des soldats américains qui remplaçaient le drapeau de l’Irak par le drapeau des États-Unis, symbole d’une prise de possession plus que d’une libération.

Dans les souliers d’Hitler

Lors de la grande manifestation du 22 mars à Montréal, on pouvait lire sur une pancarte : Tours jumelles=Reichstag. On se rappellera que, sous l’instigation des nazis, un incendie a détruit, le 25 février 1933, le Reichstag (Assemblée législative de la république de Weimar en Allemagne). Hitler accusa les communistes, ce qui lui permit de les mettre hors la loi, d’effectuer des milliers d’arrestations et d’instaurer un régime d’exception. Rapprochement judicieux quand on sait que la CIA avait été prévenue des attentats du 11 septembre mais n’en a pas tenu compte. L’attaque contre les tours du World Trade Center est venu à point nommé donner carte blanche à un président élu frauduleusement pour faire main basse sur le monde au nom de l’anti-terrorisme. Selon plusieurs analystes, avant même le 11 septembre, l’administration Bush avait planifié l’occupation de l’Afghanistan et de l’Irak.

Démocratie 007

Sans doute par souci d’ « objectivité », l’éditorialiste du Devoir, Jean-Robert Sansfaçon, essaie pour sa part de répartir les torts : il n’y a pas de bon et de méchant dans cette guerre, écrit-il. « Si George Bush n’a pas le droit pour lui, il a son peuple derrière lui. Quant à Saddam Hussein, il n’a rien pour lui, que son rôle de dictateur.» Tiens donc ! Une nouvelle règle ! Parce qu’une population suit aveuglément un chef dans son entêtement, ce chef aurait donc le droit d’aller assassiner un autre chef d’État et d’occuper un pays souverain. Hitler voulait créer une race supérieure et se croyait de cette race. Il voulait aussi acquérir le contrôle du monde – c’était son ultime ambition, comme c’est l’ambition de Bush et comme c’était celle de ses prédécesseurs. Les actes d’Hitler étaient-ils moins criminels parce que la population allemande le suivait passivement ?