La Cueca Sola : la danse de la lutte chilienne

La Cueca, c’est la danse nationale du Chili. Mais c’est aussi un chant de révolte et de combat, un hymne de contestation né de la douleur d’un peuple, devenu le symbole de la lutte contre la dictature du Général Augusto Pinochet. Le film La Cueca Sola est le récit de cinq femmes chiliennes écorchées par ce régime, et qui, aujourd’hui, cherchent à unir leur peuple dans la démocratie.

Ce court-métrage de la réalisatrice Marilú Mallet est le premier tourné au Chili après vingt-neuf ans d’exil. « À travers ce film, je veux sonder une réalité à laquelle j’ai échappé », avoue-t-elle. Pourquoi la Cueca Sola ? Parce que ces femmes ont été condamnées à danser la cueca seules, avec pour unique partenaire un tissu blanc rappelant leur époux disparu ou assassiné.

À son retour au Chili, Marilú Mallet revoit les personnages qui ont marqué son enfance et ne peut s’empêcher de se questionner sur la façon dont ces femmes ont survécu à ce bouleversement politique. Leur douleur est immense, mais l’espoir qu’elles portent en elles encore plus grand. Elles ont réussi à vaincre leur peur, cultivée par dix-sept ans de terrorisme d’État, et à s’activer pour dénoncer les injustices qu’elles ont vécues et empêcher que de telles histoires d’horreur ne se reproduisent. L’arrestation de Pinochet à Londres en 1998 leur a permis de retrouver la force de s’exprimer, de lutter pour la démocratie et le respect des droits de la personne, chacune à sa façon.

Moyenei Valdés, qui a perdu son père à l’âge de douze ans, exprime par la chanson son désir de contestation. Carolina Tohá, elle, s’est lancée dans la politique; elle est aujourd’hui députée du Parti pour la Démocratie. Il y a aussi Isabel Allende, amie d’enfance de Marilú Mallet et fille de l’ancien président socialiste Salvador Allende, qui a préféré se tuer plutôt que de se rendre aux putschistes, le 11 septembre 1973; Estela Ortiz, camarade d’école, qui a perdu son père, disparu, et son mari, décapité; Monique Hermosilla, professeure retraitée qui a connu la torture dans les camps de prisonniers. Toutes ces femmes sont semblables parce qu’elles n’agissent pas en tant que victimes; « ce sont des femmes engagées et solidaires qui se sont transformées en acteurs importants du retour de la démocratie au Chili actuel », explique la réalisatrice.

En première partie, est présenté le documentaire Piqueteros, un film d’Alexandra Guité sur les revendications des travailleurs sans emplois argentins, les piqueteurs. Le gouvernement leur donne l’équivalent de 80$ par mois pour les décourager à chercher du travail, ce qui fait que 60% de la population argentine vit sous le seuil de la pauvreté. Les piqueteros demandent la chute du pouvoir actuellement en place et la destitution du président, et revendiquent le droit au travail.

La Cueca Sola est présenté au Cinéma Parallèle (Ex-Centris) du 20 février au 4 mars, et dans les Café-Théâtres et bars culturels du Rézo les 8, 9, 10 et 13 mars.