Le gouvernement Charest se tient au sec

Entre le compte-gouttes et la piscine

Tous les jours, plus de 700 000 puits artésiens captent de l’eau souterraine pour satisfaire les citoyens(nes), la ville, l’école, l’hôpital, le maraîcher, le fermier, le fabricant de jus de pomme, le fabricant de bière, l’usine qui refroidit sa machinerie et l’embouteilleur d’eau.

Certains et certaines doivent le faire au compte-gouttes à cause de l’état des nappes d’eau de leur région hydrique, d’autres dilapident l’eau de leur nappe souterraine avec une ignorance feinte et rapace pour s’enrichir aux dépens d’une ressource collective et vitale. Voilà la constatation qui perdure depuis la Commission Beauchamp et à laquelle le gouvernement ne prête pas tellement attention.

Depuis 1998, la Coalition Eau-secours s’insurge contre le captage d’eau à gogo. Le gouvernement ne connaît pas l’état des nappes d’eau souterraine du Québec, ne connaît pas les temps de recharge de celles-ci, donne l’eau du Québec à qui mieux mieux. De plus, il ne reçoit aucune redevance sur l’appauvrissement de nos nappes phréatiques. C’est de la dilapidation pure et simple du patrimoine hydrique du Québec, d’affirmer la coalition.

En retardant le jour où l’État jouera son rôle d’arbitre dans les conflits d’usage, le gouvernement québécois laisse l’incurie s’installer et transfère aux comités de citoyens le fardeau de la preuve des inconvénients qu’ils subissent.

Selon la Coalition, tous comprennent bien que le dernier arrivé dans l’utilisation de l’eau souterraine est le producteur d’eau embouteillée. Un produit de luxe qu’on se permet de vendre plus cher que le pétrole et à 1000 fois le prix de l’eau du robinet.

Par sa vice-présidente, la coalition d’éco-citoyenneté se prononce contre tout nouveau projet d’eau embouteillée. Déterminée à voir appliquer le principe de précaution, la Coalition demande au gouvernement de remettre en place le moratoire sur tous les nouveaux projets d’exploitation commerciale de l’eau tel que celui qui a été en vigueur de décembre 1997 à 1998.

Selon la Coalition, la multiplication des permis rend la situation pire qu’à cette époque. L’eau n’appartient pas aux actionnaires des compagnies, ni aux actionnaires des coopératives.

Avant d’autoriser de nouveaux projets, le Québec doit assumer sa responsabilité envers l’exploitation de la ressource et son utilisation équitable. Pour ce faire, il doit faire le diagnostic des nappes phréatiques afin de prendre des décisions en toute connaissance de cause, tel que le recommandait la commission Beauchamp sur la gestion de l’eau du Québec.

La vice-présidente d’ Eau Secours!, Martine Ouellet s’interroge à savoir : « Pouvons-nous identifier un seul pays qui laisse exploiter son pétrole gratuitement ? Comment se fait-il qu’au Québec nous laissions sortir gratuitement une ressource encore plus vitale, sans aucune contrepartie et sans savoir si elle ne nous manquera pas cruellement demain? Il est donc urgent de rétablir le moratoire sur toute nouvelle exploitation des nappes phréatiques pour le commerce de l’eau avant que l’on ne se fasse brader la ressource par tous les investisseurs privés avides de profit. »

La vice-présidente d’Eau Secours! met en garde les Québécois et Québécoises contre toute compagnie, organisme ou coopérative sollicitant de l’argent sans se conformer à l’esprit des règles de la Commission des valeurs mobilières du Québec. Sous le fallacieux argument qu’un regroupement de consommateurs pourrait remplacer les multinationales de l’eau ou au mieux l’État, la simplification de la situation rend suspecte toute collecte de fonds à cet égard. Advenant que la commercialisation de l’eau fût pour un seul instant envisagée, ne serait-il pas pertinent de régir l’eau comme on régit l’alcool? Les citoyens et citoyennes se doivent d’être vigilants, de répéter la vice-présidente.

Elle termine en insistant sur le fait que « Si l’eau du territoire du Québec est à tous les Québécois et à toutes les Québécoises c’est avant tout « une loi de l’eau qu’il nous faut » afin que tout projet d’exploitation de la ressource eau puisse être encadré par des règles édictées dans une perspective de développement durable qui tienne compte de l’environnement et des besoins de nos enfants. »