Une représentation égalitaire des hommes et des femmes

Fin novembre, l’ex-présidente de la Fédération des femmes du Québec (FFQ), Françoise David déclarait vouloir créer un parti féministe, de gauche, écologiste, altermondialiste, pacifiste et anti-raciste. À part la question nationale, dont Françoise David ne fait aucune mention, cette nouvelle formation semble avoir les mêmes objectifs que l’Union des forces progressistes (UFP). Certains, comme Pierre Mouterde dans la revue À Babord (janv. - fév. 2004) s’interrogent sur les conséquences d’une telle décision et voient déjà « poindre le spectre de la division et des vaines rivalités. » Il faudra attendre la publication au printemps du manifeste annoncé par Françoise David pour en savoir davantage sur la spécificité et l’orientation du nouveau parti.

Devant le faible pourcentage de votes recueillis par l’UFP (1,5 %) lors des dernières élections et l’adoption peu probable du mode de scrutin proportionnel par le gouvernement Charest, Pierre Dubuc, directeur de l’aut’journal, propose l’entrée massive des syndicalistes et militant-es des divers groupes populaires et altermondialistes dans le PQ. Leur objectif serait d’y constituer une tendance forte et active, capable de renverser le parti libéral, de faire élire ses candidat-es et de réaliser l’indépendance en lui insufflant une orientation de gauche sur la base d’un projet de société conforme aux aspirations populaires. Reste à voir quelle place on donnera aux femmes et à leurs revendications dans un tel regroupement.

Parallèlement à ces trois options politiques de gauche, divers mouvements de pression, tel que D’abord solidaires, privilégient la création, à l’extérieur des partis, d’un nouvel espace politique permettant, comme l’écrit Diane Lamoureux, « l’implication politique sur une base individuelle, sans référence à un statut social ou à une identité sociale, mais sur une base clairement citoyenne ».

Quelle que soit l’option politique retenue, il est impératif que les femmes se donnent les moyens d’influer sur leur destin collectif. Un de ces moyens est celui que cherche à promouvoir, depuis sa fondation en 2002, le Collectif féminisme et démocratie, en réclamant l’adoption du mode de scrutin proportionnel et d’une représentation égalitaire des femmes et des hommes en politique.

De Bush à Charest, tout le monde est à même aujourd’hui de voir les conséquences désastreuses de mauvais choix politiques. L’expérience montre que tous les régimes politiques ne sont pas égaux face aux femmes et que ceux de droite cherchent, à travers la religion et des lois réactionnaires, à leur retirer des acquis arrachés de haute lutte. Pour les féministes, le plus grand défi politique à l’heure actuelle consiste sans doute dans leur capacité d’articuler leur lutte contre les rapports sexuels de domination à l’ensemble des luttes contre l’injustice sociale et la dépendance nationale.