Conducteurs trop payés ? Quand il n'y a pas de grève

Lorsque les syndicats montent au front pour défendre le caractère public du transport en commun, comme c'est le cas en ce moment en Suède, ils sont souvent accusés de ne penser qu'à la protection de leurs salaires et conditions de travail.

Il est vrai que lorsque les gestionnaires privés font leur entrée dans un nouveau secteur, ils amènent avec eux de nouvelles façons de traiter avec les travailleurs. Dans Le modèle suédois, Falkehed cite Maria Adolfson, chef de service de presse pour SL, l'ancienne société d'État suédoise. Ayant vécu l'arrivée des cadres étrangers du secteur privé dans le transport, la dame se rappelle : « Un Français dans ce secteur m'a dit un jour que, s'il y avait moins de trois jours de grève par an, c'est que les conducteurs étaient trop bien payés. Mais il plaisantait…je crois… »

Pourtant, l'expérience de libéralisation des transports en Suède nous démontre que, dans les faits, la privatisation de plusieurs lignes a entraîné une surenchère des salaires de la part des entreprises, puisque aucune d'entre elles ne voulait investir pour former de nouveaux conducteurs. La chasse aux employés expérimentés a donc entraîné une augmentation de leurs revenus.

L'opposition des syndicats à la privatisation ne tient donc pas seulement d'une lutte corporatiste pour la préservation des salaires, mais bien d'une défense du caractère primordial d'un transport en commun de qualité, public et universel.