Le CN engage des scabs

Antisyndicalisme

Lors de la grève du CN, l'anti-émeute fut omniprésente et agressive à Ville Saint-Laurent. Jean Savard, président de la section locale des TCA de cet arrondissement, explique : « Un des patrons de cet établissement est un ancien directeur de la police. Il appelait ses amis à toutes les quinze minutes. »

La direction du CN a également eu recours aux briseurs de grève. Abe Rosner, mandaté par les TCA pour régler le conflit, dénonce la situation : « La direction a utilisé d'anciens travailleurs et cadres retraités, même ceux qui avaient été congédiés par la direction. Mais surtout, le CN a eu recours à des briseurs de grève américains. La compagnie a illégalement transféré ses travailleurs du sud des États-Unis chez nous. »

L'entreprise dément cette accusation, mais les syndiqués ont des preuves. Rosner poursuit : « Nos membres ont reconnu leurs collègues de l'Illinois, les ont pris en photo. On a clairement reconnu et enregistré des accents texans sur les ondes radio du CN. De nombreuses voitures immatriculées dans le sud des USA ont été repérées en grand nombre dans nos secteurs. »

Daniel Boiteau, syndicaliste du milieu ferroviaire fraîchement retraité, est scandalisé : « Dans tous mes souvenirs, c'est la première fois que le Canadien National a recours à des briseurs de grève. » Il confie que ces derniers ont grassement été rémunérés : « Chaque briseur de grève a reçu 5000 $ par semaine. » Il rajoute que les scabs torontois oeuvraient à Montréal et vice versa, toutes dépenses payées.

Le CN est donc régi par la juridiction fédérale, qui permet au patronat d'utiliser des briseurs de grève pour régler les conflits de travail. Abe Rosner explique que seuls le Québec et la Colombie-Britannique ont des lois interdisant un tel recours : « Les néo-démocrates ontariens avaient adopté une telle loi en 1993, mais les conservateurs menés par Mike Harris l'ont retirée en 1995. » Il a clairement été établi que les conflits où la direction utilise des scabs sont plus longs, et que s'installe un climat de travail malsain qui perdure.

Cette manœuvre des dirigeants du CN a été dénoncée à la Chambre des communes par des néo-démocrates et par Monique Guay du Bloc Québécois. Deux partis cherchent à interdire l'utilisation de scabs dans les conflits de travail.