Tout n'est pas la faute d'Al-Qaïda

Ce n'est quand même pas la faute d'Al-Qaïda ! 1,1 milliard, c'est le nombre d'individus n'ayant pas accès à l'eau potable dans le monde, tandis que 2,4 milliards vivent sans toilettes ni égouts. Chaque année, 2,2 millions de personnes dans les pays pauvres, principalement des enfants, meurent de maladies associées au manque d'eau potable, de services d'assainissement adéquats et à une mauvaise hygiène.

Et il y a trois raisons de base pour cet état de fait. Certains États pauvres sont pris dans les mailles du Fonds monétaire international qui assèche l'économie nationale à cause des taux usuraires et des pratiques favorisant les multinationales de l'eau. Il y a aussi le refus des classes riches de ces pays de payer un taux d'impôt permettant de doter le pays des infrastructures nécessaires pour rendre l'eau à tous les citoyens et citoyennes. Finalement, comme le soulève si bien « Transparency International », la corruption systémique qui oblige les organismes de bienfaisance à faire affaire directement avec les communautés locales et non avec les États.

Le nombre de personnes qui décèdent chaque jour du fait d'avoir ingurgité de l'eau impropre à la consommation équivaut à un génocide, mais le mot exact pour décrire cette situation n'existe pas dans les dictionnaires tellement l'horreur est aussi grande que l'indifférence.

En 2002, à la 58e session de la Commission des droits de l'homme de l'ONU où siègent 53 pays, le Canada a été le seul à voter CONTRE une résolution portant sur la promotion et la réalisation du droit d'accès à l'eau potable et à l'assainissement ! Il a réitéré cet exploit en 2003.

« Considérant qu'un tel vote du Canada équivaut à dénier le droit à la vie à plus d'un milliard d'êtres humains, nous avons la conviction que les Canadiens et Canadiennes ne se reconnaissent pas dans cette prise de position officielle de leur gouvernement au sein des instances internationales », a déclaré Serge Roy, président de l'Association québécoise pour un contrat mondial de l'eau (AQCME), un organisme non gouvernemental qui défend le droit d'accès à l'eau potable.

Il faut aussi souligner que le Comité de l'ONU, dans son Observation, a rappelé que le droit à l'eau imposait aux États signataires du Pacte d'agir conformément aux exigences de ce droit dans leurs politiques de coopération internationale et lorsqu'ils siègent au sein d'organisations internationales comme le Fonds monétaire international (FMI) ou la Banque mondiale.

« Voilà une explication “ plausible ” commente Serge Roy, aux réticences de l'État canadien, lui qui semble de plus en plus vouloir soumettre ses politiques de coopération internationale aux exigences commerciales plutôt qu'aux impératifs de droits humains ». Concrètement, le député fédéral de votre comté mérite bien une lettre de votre part, non ?

Note au lecteur : Afin de faciliter la lecture, chacune des références précises n'apparaît pas dans le texte. Elles proviennent de Wash, une agence spécialisée des Nations unies et du site de référence d'Eau Secours! - La Coalition québécoise pour une gestion responsable de l'eau à : www.eausecours.org