Trois fois plus de femmes que d'hommes sont atypiques

Qui gagne la palme d'or des plus mal payées ? Les caissières, les commis et les vendeuses

Une récente étude de Statistique Canada intitulée « La féminisation du marché du travail » confirme une réelle progression de la présence des femmes canadiennes sur le marché du travail. Mais à quel prix ? Encore en 2002, les femmes tirent 82 % du salaire des hommes et occupent des emplois précaires. La présence syndicale fait souvent toute la différence.

Règle générale, les femmes sont moins actives sur le marché du travail que leur homologue masculin. Même si elles ont vivement progressé depuis 1971, passant d'un taux d'activité moyen sur le marché du travail de 44 % à 71 % en trente ans, c'est encore 11 % de moins que les hommes.

Il faut bien décortiquer ces chiffres. Le travail dit atypique est plus répandu chez les femmes, on entend le travail à temps partiel, le travail temporaire (à contrats) et le travail autonome. Pas moins de 27 % des travailleuses au Canada sont à temps partiel, c'est trois fois plus que les hommes.

Pour les deux sexes, le nombre de travailleurs à temps partiel est en constante progression au Québec, il a plus que doublé depuis 1976. (L'Évolution de l'emploi atypique au Québec, Document du Ministère du travail).

Rappelons-nous que le rapport Bernier de 2003 sur le travail atypique concluait que ce genre d'emploi limite l'association syndicale et la négociation collective. Avantageux pour l'employeur, ces types de travail lui évitent de contribuer aux régimes complémentaires d'assurance maladie ou de retraite. De plus, le travail à temps partiel rend inaccessible l'assurance-emploi ou les avantages sociaux habituels tels que les congés de maladie. Comparativement aux hommes, les femmes sont trois fois plus sujettes à occuper des emplois mal payés, sans avantages sociaux et sans représentation collective.

Selon les données de Statistiques Canada pour le Québec de 2002, la présence d'un syndicat améliore grandement la rémunération des femmes. Dans tous les secteurs, les femmes non syndiquées obtiennent la modique somme de 13,32 $ de l'heure tandis que leurs consœurs syndiquées en récoltent 18,86 $.

On remarque une corrélation entre la présence syndicale et l'égalité salariale. Au Québec, les femmes syndiquées gagnent 93 % du salaire horaire des hommes syndiqués. Le salaire diminue pour les non syndiqués des deux sexes, mais l'écart bondit chez les femmes non syndiquées, qui gagnent à peine 78 % du salaire des hommes non syndiqués.

Qui gagne la palme d'or des plus mal payées ? Les caissières, les commis et les vendeuses. Leur salaire horaire moyen est le plus bas du Québec avec un salaire de 9,12 $ l'heure.

Dans la comparaisons avec les hommes, ce sont les travailleuses agricoles et celles des secteurs de la fabrication qui sont les plus lésées. L'étude de Statistiques Canada révèle que dans ces secteurs la présence féminine a doublé depuis 1971, mais leur salaire demeure en deçà de celui de leurs homologues masculins. Les chiffres canadiens indiquent que les travailleuses agricoles gagnent à peine 63 % du salaire masculin tandis qu'au Québec, l'écart est moins prononcé à 70 %. Les travailleuses agricoles du Québec méritent la palme d'argent du taux horaire le plus bas, elles empochent 9,21 $ de l'heure seulement. C'est un secteur où la présence syndicale est pratiquement nulle.

Dans la fabrication, québécoise ou canadienne, les femmes soutirent un maigre 71 % du salaire masculin. Dans cette industrie, les femmes touchent 11,26 $ de l'heure et à peine 28 % sont syndiquées. Les hommes récoltent un peu plus avec 15, 69 $ de l'heure, mais 46 % sont syndiqués, ce qui explique l'écart entre les deux sexes.

Sources : Statistiques Canada, Enquêtes sur la population active (EPA) pour 2002.

La féminisation du marché du travail, Statistiques Canada

L'Évolution de l'emploi atypique au Québec, Document du Ministère du travail

Le rapport Bernier, janvier 2003.