Notre Dieu est le plus fort

Commentaire

Détruire une bibliothèque. Quel crime à ne pas commettre chez nous où nous sommes si attentifs aux attentats commis ailleurs par les autres. Nous en parlons beaucoup, nous qui savons invoquer à tout moment notre magnifique sens de la démocratie, notre généreuse libre entreprise, la sincérité éclairée de nos monopoles médiatiques et la beauté de notre système carcéral.

Cela dit, nous prenons bien soin d’éviter toutes les comparaisons désobligeantes et passons sous silence les attentats que nous avons perpétrés, les vols de territoires que nous avons commis, les détournements de richesses naturelles et l’organisation d’élections trafiquées dans des pays théoriquement autonomes car notre Dieu est plus fort que tous les droits naturels.

Nous évitons de mettre dans la balance toutes nos horreurs qui sont mineures bien sûr lorsqu’on les compare…croyez-vous ? Il faudrait avoir la curiosité de relire Le monde et l’Occident d’Arnold Toynbee et Une histoire populaire des États-Unis d’Howard Zinn. Nous sommes les maîtres des guerres scélérates ! Il faudrait avoir le courage de les ajouter à notre indignation.

Une loi du karaté que nos stratèges et économistes n’ont pas suffisamment analysée démontre qu’il n’est pas nécessaire d’être aussi fort, riche, grand et savant que son adversaire pour vaincre. La sagesse démontre que vous n’avez qu’à utiliser à vos fins les forces que votre ennemi dirige contre vous.

Il n’est pas nécessaire de posséder un avion ou de savoir comment le faire atterrir. Après les attentats commis contre les tours de New York et les trains de Madrid, les forces anglaises devront surveiller de près leurs symboles. Leur long passé agressif provoque toutes sortes de représailles. Si nous revendiquons le droit d’utiliser l’agressivité, nous qui avons le contrôle mondial des armes atomiques, des banques commerciales ou alimentaires, les pauvres, eux, ont-ils d’autres choix que de compenser par l’agressivité de la vengeance ?

Et ce sont malheureusement des innocents à New York et à Madrid, allez-vous me dire, qui règlent la note ! Les mêmes innocents tout de même qui votent pour que leur CIA et leurs militaires soient détachés au loin pour répandre la terreur et l’effroi !