Où sont les économies ?

Victimes de l’article 45

La Société des alcools ferme son imprimerie pour confier ses travaux d’impression à la sous-traitance. Six postes sont abolis et « la décision est difficilement contestable devant le tribunal du travail par suite des modifications apportées par le gouvernement Charest à l’article 45 du code du travail », a déclaré en conférence de presse Martin Charron, le président du Syndicat des employé(e)s et magasins de la SAQ (SEMBSAQ).

Les travailleurs dont les postes sont abolis ont raconté les manœuvres de la SAQ pour justifier la fermeture de l’imprimerie. « Ils ont laissé dépérir le service en refusant d’investir les sommes insignifiantes requises pour réparer les machines. Ils ont décidé d’ajouter un pouce à la largeur du journal de la Société, que nous produisions depuis 28 ans, pour que le format ne corresponde plus à nos presses et pouvoir ainsi le donner en sous-traitance. »

« La décision est idéologique et non basée sur des critères de rentabilité », selon Martin Charron qui a donné l’exemple d’un travail donné en sous-traitance pour 1 700 $ et que les travailleurs à l’interne ont évalué à 700 $, lorsqu’ils ont dû, en catastrophe, le produire, le sous-traitant ayant été incapable de rencontrer les échéances. « Où sont les économies ? Où sont les études de coûts ? Pourquoi ne tient-on pas compte de l’impact de ces décisions sur la vie des travailleurs ? », s’est exclamé le jeune président du SEMBSAQ.

À cause des solides campagnes du syndicat contre les différentes tentatives de privatisation au cours des dernières années, le gouvernement n’ose plus mettre ouvertement la privatisation à l’ordre du jour, comme le reconnaissait d’ailleurs Alain Dubuc, le super-éditorialiste de La Presse.

Cependant, cela n’empêche nullement, d’expliquer Martin Charron, « de privatiser à la pièce, en multipliant à proximité des succursales les agences privées – qui sont passées de 200 à 400 en quelques années –, en fermant l’imprimerie et, demain peut-être, le service de la paye ».

L’émiettement des unités syndicales, l’affaiblissement inexorable du mouvement syndical, voilà les véritables conséquences des modifications à l’article 45. Il n’y a qu’une riposte possible : demander le rappel des lois anti-syndicales adoptées par le gouvernement Charest.