À quand la propriété juridique des édifices publics ?

Dégraisser l’État, c’est engraisser SNC-Lavalin

SNC-Lavalin, le numéro un de la gestion immobilière au Québec », tel était le titre de l’article du journal Les Affaires paru le 19 janvier 2002. Fantastique, n’est-ce pas ! Imaginez, une poignée de dirigeants de cette entreprise peut tout, mais absolument tout gérer et beaucoup mieux que nous collectivement. Toujours dans la continuité de dégraisser l’État et la population de ses instruments collectifs et d’engraisser nos exploiteurs encore plus, le gouvernement fédéral récidive dans la voie de notre appauvrissement collectif et va céder au privé en général et à SNC-Lavalin en particulier tous nos immeubles partout au Canada, comme l’indique le titre de l’article suivant publié dans Le Devoir du 22 septembre 2004 : « Ottawa lance l’opération dégraissage - première étape : la vente d’immeubles fédéraux pour trois milliards ».

En attendant que SNC-Lavalin obtienne officiellement la propriété juridique de nos immeubles publics, le gouvernement fédéral vient de lui octroyer le contrat d’entretien de ses immeubles jusqu’en 2014, un petit contrat de rien du tout de l’ordre de 5 milliards de dollars en fonds publics, tel que rapporté dans un article du Journal de Montréal du 23 novembre 2004 titré : « Un contrat d’entretien payant (sic) pour SNC-Lavalin ».

Bien évidemment, le gouvernement libéral du Québec ne voulant point être en reste va aussi céder nos immeubles public détenus et gérés par notre société d’État, la Société immobilière du Québec (SIQ) comme en fait foi le titre de cet article du 20 mars 2004 paru dans le Journal de Montréal : « La SIQ vend ses édifices ». Une petite question en passant : La SIQ va vendre, en tout ou en majeure partie à qui ?

Naturellement, la présidente du Conseil du Trésor, Monique Jérôme-Forget, a justifié le délestage de nos immeubles publics à ses amis affairistes ainsi, tel que rapporté dans Le Devoir du 8 octobre 2004 : « Des PPP pour palier la négligence de l’État – Le gouvernement a prouvé depuis 40 ans qu’il est incapable d’entretenir adéquatement son patrimoine immobilier, dit Monique Jérôme-Forget ».

SNC-Lavalin et la gestion de l’eau. Dans le cadre de la conférence de Montréal tenue au mois de juin 2002, le président de SNC-Lavalin International, Michael C. Novak, a plaidé pour la privatisation de l’eau à Montréal dans le cadre de l’atelier « La ville réinventée » auquel participait naturellement le maire de Montréal, Gérald Tremblay et rapporté dans Le Devoir du 28 juin 2002 : « Le privé veut se jeter à l’eau : Gérald Tremblay ne ferme pas la porte à des partenariats dans les secteurs de l’eau potable et du transport en commun ». Je dirais même plus, le maire de Montréal n’a pas fermé de portes, il en a plutôt ouvert beaucoup et grandement à ses p’tits zamis.

SNC-Lavalin et la distribution d’électricité. « SNC-Lavalin veut acheter 49 % d’Hydro One », tel était le titre de l’article paru dans le journal Les Affaires du 9 novembre 2002. Hydro One, c’est la société de distribution de l’électricité en Ontario, soit le deuxième plus important réseau de transport d’électricité en Amérique du Nord, que l’ex-premier ministre Mike Harris voulait privatiser. Une chance, le nouveau gouvernement ontarien a mis fin à cette folie. Mais tout de même, SNC-Lavalin qui fait déjà dans la production d’électricité par le biais de petits barrages détenus ici et ailleurs, trouvait ça vraiment intéressant de se lancer aussi dans la distribution d’électricité.

Selon vous, ne croyez-vous pas que les dirigeants de SNC-Lavalin ne font pas un petit brin de lobbying auprès de leurs amis politiciens au Québec pour leur vanter les nombreux mérites qu’il y aurait à leur privatiser Hydro-Québec ? Si vous avez répondu « non », à cette question, vous êtes dangereusement naïfs.

SNC-Lavalin et la gestion d’hôpitaux. « Guy Saint-Pierre souhaite un vrai débat sur la place du privé dans la santé », tel était le titre évocateur d’un article paru dans le Journal de Montréal du 27 février 2002. Cette fois, monsieur Saint-Pierre s’est prononcé à titre de président du conseil d’administration de la Banque Royale du Canada qui, avec les autres banques, fait intensément campagne pour la privatisation de notre système de santé publique, car elles-mêmes et leurs filiales dans l’assurance empocheraient alors des milliards de dollars annuellement.

Oh, oh, que vois-je dans cet article de La Presse du 5 décembre 2003 signé par le journaliste Laurier Cloutier, et intitulé : « SNC-Lavalin s’intéresse à d’éventuels partenariats avec le gouvernement ». Pierre Anctil, vice-président-directeur au bureau du président de SNC-Lavalin, a dit : « Outre les autoroutes, les secteurs propices aux concessions d’infrastructures comprennent l’énergie, les aéroports, l’eau et le transport en commun ». Il a aussi affirmé : « La firme a déjà participé à plusieurs projets de construction et d’ingénierie d’hôpitaux, au Québec et ailleurs, et a même géré l’hôpital Bellechasse ». Quand Guy Saint-Pierre évoque les bienfaits de la privatisation de la santé, il avait en tête les « bienfaits » pour sa Banque Royale et pour « sa » SNC-Lavalin dont il fut longtemps le président.

SNC-Lavalin distributeur de « pot ». . « On se presse aux portes pour devenir le pusher d’Ottawa », tel était le titre de l’article de Marie-Claude Malboeuf, paru dans La Presse du 26 mai 2000. Comme Santé Canada a besoin de 1,6 tonne de marijuana pour vérifier si elle soulage vraiment les douleurs et les nausées de certains malades, « Ottawa a lancé un appel d’offres, il y a trois semaines et depuis, c’est la folie : 183 compagnies ou organismes (sic), dont 41 du Québec (sic), ont fait comme SNC-Lavalin et payé pour obtenir tous les détails du projet… On s’arrache le monopole », avait dit un avocat qui ne voulait toutefois pas, par souci de transparence, dévoiler le nom de son client.

SNC-Lavalin et la gestion des camps militaires. Eh oui, SNC-Lavalin gère nos camps militaires à l’étranger, notamment en Bosnie et en Afghanistan. Dans l’introduction de l’article de Marco Fortier du Journal de Montréal paru le 18 mars 2004 et intitulé : « 10,4 M $ de plus pour les camps militaires gérés par SNC-Lavalin », le journaliste écrit : « La facture des camps militaires des soldats déployés à l’étranger, gérés par la firme montréalaise SNC-Lavalin, vient de grimper de 10,4 millions sans aucune surveillance du gouvernement, révèlent des documents obtenus par le Journal de Montréal ». Bah, pas besoin de rien surveiller : si c’est fait par le privé et surtout par SNC-Lavalin, c’est qu’il doit y avoir de très bonnes justifications.

SNC-Lavalin et les prisons. « Une prison privée de 100 M $ sera érigée sur la Rive-Sud », tel était le titre de l’article de Michel Hébert paru dans le Journal de Montréal du 21 octobre 2004. Dans cet article, le journaliste disait que ce premier projet de partenariat public-privé (PPP) était pas mal ficelé et mentionnait aussi, oh surprise ! que « la firme de génie-conseil SNC-Lavalin a discrètement (sic) sollicité le gouvernement ».

SNC-Lavalin et l’humour. Le boutte du boutte, je l’ai trouvé dans le titre de cet énième article de Stéphane Paquet de La Presse paru le 29 mars 2004 et consacré affectueusement à SNC-Lavalin : « L’ingénieur qui se passerait bien des partenariats public-privé ».

Dans cet article, dans cette publicité ou dans cette propagande devrions-nous plutôt dire, Jacques Lamarre, le président en titre de SNC-Lavalin a dit : « je n’aime pas les partenariats public-privé ». Crisse, une chance qu’il ne les aime pas, sinon ça serait quoi s’il aimait ça ?

Oups, en passant, que dites-vous du titre de cet article paru dans The Gazette du 29 janvier 2003 : « SNC-Lavalin, Bombardier top liberal donor list ». J’espère que vous commencez un petit brin à comprendre la game dont vous êtes l’objet de cette farce grotesque et odieuse.