La complainte du Franco

Des représentants d’une dizaine de journaux universitaires francophones se sont réunis à Québec les 20 et 21 mars dernier, à l’occasion d’un congrès organisé par le Carrefour de la presse universitaire francophone. L’exercice a permis aux médias étudiants québécois de tisser des liens avec des francophones de l’Acadie, de l’Ontario et du Manitoba, qui ont présenté leurs expériences de journalisme universitaire en milieu minoritaire.

Miguel Vielfaure, rédacteur en chef du Réveil, le journal du Collège universitaire de Saint-Boniface (CUSB), au Manitoba, a exprimé sa déception quant au peu de connaissance qu’ont les jeunes Québécois de leurs vis-à-vis manitobains. « C’est dommage, mais ça a toujours été comme ça, plaisante-t-il. La France se sacre de vous, vous vous sacrez des Acadiens et les Acadiens se sacrent des Franco-manitobains. » L’étudiant à la maîtrise en études canadiennes souligne que sa communauté compte plus de 100 000 membres et a enfanté de grands artistes comme la romancière Gabrielle Roy.

Le jeune métis est très engagé dans sa communauté et dans la défense des droits des francophones. En plus de s’occuper du Réveil, il siège à l’Assemblée des gouverneurs du CUSB et est membre du conseil d’administration de La Liberté, le journal de la communauté franco-manitobaine. Il était jusqu’à récemment membre de l’exécutif de la Fédération canadienne des étudiants et étudiantes. Il n’est d’ailleurs pas le premier militant de sa famille. « Mon arrière-grand-oncle est mort à la bataille de Batoche. Il était aux côtés de Louis Riel quand les métis ont fait la guerre contre le gouvernement du Canada. »

Au Manitoba, le Réveil est la voix de la jeunesse francophone. Le mensuel a vu défiler des dizaines collaborateurs ces dernières années. En janvier, le journal a couvert la visite dans l’Ouest du chef du Bloc Québécois, Gilles Duceppe. Quand on demande à Miguel Vielfaure si le politicien a reçu un bon accueil au Canada anglais, il se rebiffe et explique que l’expression « Canada anglais » est considérée très insultante par les Franco-manitobains. Le jeune homme n’aime pas beaucoup plus l’expression « Rest of Canada » qu’il considère péjorative. Il explique ensuite que les francophones de l’Ouest étaient très intéressés par le discours bloquiste, mais qu’ils avaient beaucoup trop peur de perdre leurs droits dans un Canada privé du Québec pour appuyer le projet indépendantiste.