Puborama

Combien de téléspectateurs savent qu’ils sont des cibles captives et inconscientes des publicitaires, chaque fois qu’ils regardent les téléromans, les quizz, les grandes séries dramatiques, etc. La publicité s’infiltre partout.

Paul Cauchon pose avec justesse le vrai problème en citant un exemple : au tout début de l’émission Virginie, un comédien devait absolument lire La Presse plutôt que Le Devoir, journal qui correspondait pourtant mieux à son personnage… parce que La Presse commanditait la série. Le comédien, Jacques L’Heureux, a simplement refusé. On a alors flanqué un figurant derrière L’Heureux qui, lui, lisait La Presse !

L’information n’est pas à l’abri de cette filouterie. Un exemple parmi bien d’autres, l’émission Salut, bonjour de TVA. Celui qui l’anima pendant plusieurs années faisait depuis longtemps la publicité du café Folgers. Or, il nous servait l’émission du matin de TVA aux effluves… de Folgers, buvant du café Folgers dans une tasse aux couleurs Folgers bien tournée vers la caméra.

La Société Radio-Canada, dans ses normes et pratiques, interdit qu’une émission ou une séquence d’émission serve de « véhicule pour de la publicité indirecte ». Pourtant, la maison Kanuk fait déjà d’intéressants rabais aux journalistes de la télévision pour qu’ils s’affichent sans vergogne à l’écran avec, au collet de leur anorak et bien en évidence, le petit hibou, emblème devenu célèbre de la non moins célèbre maison du vêtement de plein air.

À l’émission Mon argent mes finances, diffusée le dimanche midi à TQS, des experts, invités pour suggérer des avenues de placements aux téléspectateurs, étaient désignés… par des entreprises qui commanditaient l’émission. Nous sommes à la limite de la fraude intellectuelle. Le téléspectateur y est littéralement floué.

Il ne faut pas toujours croire les journalistes, Mario Cardinal, Bayard, 2005