La dernière commandite

La famille Chrétien va recevoir 3,8 millions $ en crédit d’impôts pour les archives chrétiennes. Ces documents couvrent le plus long règne politique de notre récente histoire fédéralisante. Sans oublier ce que cette opération va coûter en temps-fonctionnaire-archiviste et sans compter la location à perpétuité d’un local pouvant abriter un demi-kilomètre de paperasses. On pourra y exposer grandeur nature la statue de l’autochtone en pierre qui a permis à madame Chrétien de défendre son ti-gars.

On achètera tout. Et tout sera expurgé par des experts en camouflage de la police de la Reine, du parti et de l’armée. Un comité sénatorial rouge doit déjà jouer du crayon noir. Par qui sera-t-il présidé ? Jacques Hébert ? ou le grand Saint-Just, Jean-Louis Roux, dont les admirateurs se font de plus en plus rares ?

Pourquoi un tel cadeau ? Une indemnité de départ pour un petit magouilleur ? C’est tout de même peu pour consacrer la mémoire de l’un des plus grands tricheurs de notre histoire politique. A-t-il supervisé directement les malversations dans l’affaire des commandites ? Comment prouver qu’il était moins innocent qu’il ne le prétend ? Un fait demeure : il est coupable d’avoir pris tous les moyens pour fausser les élections référendaires. Il s’en est même vanté. Un politicien qui ne vole pas mais qui fausse le processus démocratique est-il encore un politicien ? Dans notre folklore pourritique, il s’agit plutôt d’un politichien.

Chrétien a déjà été ministre des affaires du Nord. Est-ce pendant son mandat que les chiens des Inuits furent froidement refroidis ? Comment sédentariser un chasseur qui suit son gibier à la trace ? En l’obligeant à acheter ses cannages à l’entrepôt de la Compagnie de la baie d’Hudson. En 1670, les actionnaires de la Hudson’s Bay portent le nom d’adventurers et jouent compulsivement au casino du colonialisme. La devise de la Compagnie est : Peau pour peau ! C’était déjà plus qu’une devise : c’est devenu le credo de base du néolibéralisme délirant.