Accusateurs accusés

Les sénateurs américains croyaient réaliser un bon coup en sommant le député britannique George Galloway de comparaître devant la commission américaine d’enquête sur le programme onusien « pétrole contre nourriture », pour répondre d’accusations de corruption. Mais le député, opposant acharné à la guerre en Irak, les a surpris en inversant les rôles et en contre-attaquant violemment par une dénonciation des crimes des États-Unis.

Il s’est indigné d’avoir été déjà jugé coupable de collusion avec Saddam Hussein, sans avoir pu exprimer son point de vue, et a dénigré le dossier d’accusations présenté par le sénateur républicain Norm Coleman, qui ne serait selon lui qu’un ramassis de mensonges soutirés à des « marionnettes » irakiennes. Galloway a déjà gagné un procès en diffamation contre le Daily Telegraph de Londres, qui avait publié des allégations semblables.

George Galloway affirme avoir rencontre Saddam deux fois, tout comme Donald Rumsfeld. « La différence est que Rumsfeld l’a rencontré pour lui vendre des armes. Moi, je l’ai rencontré dans le but d’en finir avec les sanctions, la souffrance et la guerre. »

Il a ajouté que « si le monde avait écouté Kofi Annan, que vous cherchez à virer, si le monde avait écouté le président Chirac, que vous décrivez comme une sorte de traître corrompu, si le monde m’avait écouté et avait écouté le mouvement britannique contre la guerre, nous ne serions pas devant le désastre d’aujourd’hui.... Vous essayez de détourner l’attention des crimes que vous avez soutenus, du vol par les États-Unis de milliards de dollars des richesses de l’Irak. »

Selon le député du petit parti politique Respect, élu après avoir fait campagne contre la guerre, « les problèmes réels de l’Irak sont le vol de ses richesses par les États-Unis et ses entreprises, pour des milliards de dollars, la mort de plus de 100 000 de ses habitants, la destruction de ce pays, la porte ouverte à l’extrémisme islamique version al Qaeda ».

Les sénateurs affirment que cette commission d’enquête ne constitue pas un procès, mais les témoins doivent prêter serment avant de s’y exprimer. La presse française l’a comparé à un « procès accusatoire à l’américaine ». Le sénateur français Charles Pasqua et l’ancien numéro trois du gouvernement russe, Alexandre Volochine, entre autres, figurent aussi parmi les cibles de la commission.