L’anniversaire de deux référendums bien différents

Ceux qui ont gagné n’en parlent pas, ceux qui ont perdu célèbrent

Le Conseil de la souveraineté inaugurait en mai dernier ses activités entourant la commémoration des référendums de 1980 et de 1995. Nouveau départ, pour la jeune organisation rassembleuse d’indépendantistes de toutes allégeances qui prend un tournant plus combatif. « Nous allons nous inscrire davantage dans les débats », affirme en entrevue le président du Conseil de la souveraineté Gérald Larose en entrevue.

En tout, six mois d’activités, de mai à octobre, feront la promotion de l’indépendance. Au menu, on compte spectacles, débats, forums, colloques, lancements de livres et expositions. Un spectacle réunissant une pléiade d’artistes a lancé le tout le 20 mai dernier.

Pourquoi commémorer les référendums ? « C’est assez paradoxal, atteste M. Larose, ceux qui ont perdu, célèbrent, et ceux qui ont gagné n’en parlent pas ! ». 25 ans après la défaite de 80, Gérald Larose voit positivement l’exercice de consultation de la population d’alors. « C’est une étape dans notre itinéraire vers la souveraineté, dit-il. C’est la première fois que le peuple québécois se prononce sur son avenir. 95 % des nations ont réglé la question du bout du fusil, nous avons fait le pari de la démocratie. » C’est ce sens que prendra le 25e anniversaire du référendum de 1980.

Pour le référendum de 1995, le scandale des commandites vient animer la commémoration et faire oublier la défaite. « Nous devrions fêter le 10e anniversaire de notre pays, le référendum de 1995 a été un vol ! » s’indigne M. Larose. « Fort heureusement, les tricheurs n’ont pas bloqué, mais seulement ralenti le projet », explique le Président du Conseil de la souveraineté.

Pour Gérald Larose, les référendums représentent des étapes vers un projet de souveraineté plus précis. « En 1980, l’essentiel du débat était de réviser les accords Québec-Canada, nous étions dans une position binaire. En 1995, c’était plus clair, on prenait la décision de notre autonomie et le 3e référendum, ce sera le Québec et le monde, où le Canada sera un pays comme un autre. »

L’actualité réjouit le président du Conseil de la Souveraineté qui prévoit intensifier sa participation dans les débats. « Il faut, ajoute-t-il, tirer un maximum de la conjoncture actuelle, le mouvement social doit se remettre en route et vite ! » Les défis à réaliser pour l’organisation foisonnent. Le rôle du Conseil de la souveraineté est « d’être un carrefour pour ceux qui ne sont pas rattachés aux organisations politiques, leur donner une occasion de s’engager. Il faut rôder le terrain aussi, poursuit Gérald Larose, afin que le jour venu les forces soient habituées de travailler ensemble. » D’ailleurs, le Conseil de la souveraineté espère prochainement rallier les syndicats à la cause. « Les organisations syndicales doivent remettre à l’ordre du jour la question nationale », lance-t-il.

Quant aux prochaines élections fédérales en vue, Gérald Larose estime que ce n’est pas le rôle du Conseil de la souveraineté d’y prendre part, mais que certains membres y participent librement. Le Conseil de la souveraineté ne désire pas faire un travail politique, mais bien contribuer à nourrir ouvertement les stratégies, tout en alliant les opinions divergentes au sein des militants souverainistes. Le Conseil se veut une passerelle entre les diverses organisations et la société civile afin qu’il y ait plus de convergence entre les indépendantistes de tous les horizons.

Question de stratégie, il faut accélérer la marche vers l’indépendance. Le Parti Québécois lors des prochaines élections ne devrait plus adopter l’approche de la bonne gouvernance. « L’orientation antérieure du bon gouvernement a été utile, précise Gérald Larose, mais elle ne l’est plus aujourd’hui pour gérer le Québec. On ne peut plus continuer sans nos ressources, on ne peut plus faire de gestion de province. »