La diversité passe par la culture nationale

Il est curieux que ces formations de la gauche québécoise, qui font de la lutte à la mondialisation néolibérale leur principal cheval de bataille, passent ainsi sous silence la question linguistique. C’est pourtant un fait admis par tous les altermondialistes que la mondialisation néolibérale, dans sa marche pour imposer le marché et restreindre le rôle des États, propage à l’échelle du globe l’anglais et la culture de masse états-unienne, laminant sur son passage les cultures nationales.

Devant ce rouleau compresseur homogénéisant, plusieurs se lèvent avec raison pour se porter à la défense de la diversité culturelle et demander qu’on réhabilite le rôle des États. Plusieurs de nos altermondialistes se réclament d’ailleurs de cette lutte et ne ratent jamais une occasion de joindre leur voix au chœur de ceux qui revendiquent l’intervention de l’État pour faire contre-poids au marché.

Tout cela, c’est pour la théorie. En pratique, plusieurs de ces altermondialistes ne semblent pas réaliser que la culture qu’ils proclament haut et fort vouloir défendre n’existe pas sans le support qu’est la langue. Ça ne leur effleure pas l’esprit que les législations linguistiques sont parmi les plus importantes dans la lutte contre la mondialisation néolibérale. Cela est particulièrement vrai dans le cas du Québec où la vitalité de l’anglais est toujours supérieure à celle du français, comme vient de le révéler une étude du professeur Charles Castonguay.

Dans cette perspective, étendre au niveau collégial les dispositions de la loi 101 est une mesure d’une grande importance. C’est à l’adolescence que les étudiants découvriront le cinéma et le théâtre québécois et francophone ou baigneront totalement dans la culture anglophone, c’est au cégep qu’ils prendront l’habitude de lire Le Devoir, La Presse ou The Gazette.

À ce propos, il est stupéfiant de voir les éditorialistes André Pratte de La Presse et Bernard Descoteaux du Devoir se tirer dans le pied en s’opposant à l’obligation faite aux allophones ayant effectué leurs études primaires et secondaires au secteur francophone de les poursuivre au cégep francophone. Comme si Le Devoir pouvait se permettre de perdre un lectorat potentiel !