Le Parti Québécois doit être un parti de coalition

En juin dernier, les congressistes ont adopté un projet de pays

*Le PQ a cessé de fonctionner sur la règle implicite du consensus depuis son dernier congrès

Dès le lendemain de l’élection à la direction du Parti Québécois, des voix se sont élevées dans notre entourage politique pour critiquer notre ralliement jugé précipité à André Boisclair. D’autres voix, identifiées à l’UFP et à l’Option citoyenne, invitaient les membres du SPQ Libre à quitter le Parti Québécois pour rallier le futur parti en formation. C’était de bonne guerre.

On se demandait évidemment comment nous pouvions rallier ce nouveau chef que nous avons décrit dans le feu des débats comme « l’incarnation de la droite ». Celles et ceux qui ont suivi attentivement cette course pourraient rappeler nos divergences sur les Partenariats public-privé, la fiscalité, le remboursement de la dette, etc.

Cependant, dès le soir de son élection, André Boisclair a clairement affirmé son intention de défendre le programme adopté lors du congrès de juin dernier. Nous ne pouvons donc qu’applaudir l’engagement du nouveau chef étant donné que, tout au long de la course, nous avons défendu la fidélité à ce programme progressiste auquel le SPQ Libre a grandement contribué. Nous avons même fait du respect de ce programme sur la question du financement public des écoles privées et de la propriété publique de la gestion de l’eau l’une des conditions de notre ralliement à Pauline Marois comme 2e choix.

Bien entendu, il est insuffisant de proclamer, dans un premier temps, son accord avec le programme et de renvoyer, dans un deuxième temps, toutes les questions de fond à plus tard en promettant un débat sur la gratuité scolaire, un débat sur les soins de santé, un débat sur la langue au lendemain de l’indépendance.

Le projet de pays que les congressistes ont adopté au mois de juin dernier a pour objectif de présenter les contours du pays pour lequel nous demandons à nos concitoyennes et nos concitoyens de se mobiliser. C’est le projet de pays que nous nous engageons à défendre au cours des prochaines campagnes électorale et référendaire. C’est le projet de pays que nous défendrons lors de l’assemblée constituante qui suivra un référendum gagnant et que nous voulons voir enchâssé dans la constitution d’un Québec indépendant.

Ce projet de pays, nous l’avons enrichi d’une série de projets concrets dont plusieurs ont été repris en cours de route par les autres candidats. Mentionnons le développement d’un réseau de transport collectif urbain et interurbain électrifié, la nationalisation de l’éolien, une corvée pour mieux isoler les maisons, la réappropriation du fleuve, la nécessité de faire de Télé-Québec une véritable chaîne d’information nationale.

À cause de son objectif – réaliser la souveraineté du Québec – le Parti Québécois se doit d’être un parti de coalition. Nous partagions cette conception du parti avec Bernard Landry et cela s’est traduit par son appui à la formation de clubs politiques. Lorsque nous avons discuté avec lui de la possibilité d’un club politique progressiste au sein du Parti Québécois, nous avons convenu de deux principes de base.

Premièrement, il fallait que le Parti Québécois cesse de fonctionner selon la règle implicite du consensus qui était la sienne depuis nombre d’années. Les nouveaux statuts entérinent ce changement de culture en spécifiant qu’un « club politique est un groupe de militantes et de militants pour la souveraineté qui veulent mettre en évidence et promouvoir l’expression politique d’une perspective spécifique qu’elles et ils jugent importante. »

Le deuxième principe : que les militantes et militants de la gauche acceptent de perdre des votes importants sans déchirer, le lendemain, leur carte de membre sur la place publique. C’est ce que nous avons fait, le 15 novembre dernier, en nous ralliant au nouveau chef.

Notre faible score dans cette course n’est pas un indicateur de l’importance de la gauche au sein du parti. Une mauvaise compréhension de la mécanique du vote a fait en sorte que plusieurs ont cédé aux appels pressants leur demandant de voter dès le premier tour pour d’autres candidats avantagés par les sondages alors qu’il était possible d’exprimer ses convictions au premier tour et d’enregistrer un vote stratégique au deuxième tour.

Il faut également rappeler que le SPQ Libre n’existe que depuis un an et demi et que l’adhésion au Parti Québécois de plusieurs d’entre nous date de ce moment. Nous ne connaissions ni les structures ni les membres du parti dans la plupart des régions du Québec.

Cependant, au cours de ces trois mois de campagne, nous avons sillonné le Québec, participé à plus de 110 assemblées et rencontré des milliers de militantes et de militants, dont de nombreux syndicalistes et progressistes.

Nous les invitons aujourd’hui à joindre les rangs du SPQ Libre pour en faire un pôle d’organisation de la gauche au sein du Parti Québécois. Rappelons que, conformément aux nouveaux statuts du parti, le SPQ Libre est une structure autonome, qui définit ses propres règles de fonctionnement, élit ses représentantes et représentants et mène ses propres campagnes de financement.

Le SPQ Libre devra jouer le rôle de chien de garde du programme sur les questions économiques, sociales et environnementales, mais également sur la démarche référendaire.

Il devra également s’assurer d’une répartition équitable des postes de responsabilité au sein des structures du parti et de la présence de candidatures progressistes dans les assemblées d’investiture.

En terminant, je veux dire à nos amis de l’UFP et d’Option citoyenne que le SPQ Libre décline leur invitation à participer à la formation d’un nouveau parti qui, compte tenu de notre mode de scrutin, ne peut que faire le jeu des libéraux en divisant le vote souverainiste et progressiste. Cependant, malgré les voies différentes qui sont les nôtres, le SPQ Libre est toujours prêt, comme ce fut le cas par le passé, à collaborer avec eux à des dossiers spécifiques pour faire valoir les idéaux que nous avons en commun.

*Candidat du SPQ Libre à la direction du Parti Québécois