L’humanité est au seuil de l’impensable

La planification d’un bombardement atomique de l’Iran progresse

Jamais depuis que la première bombe atomique a été lancée sur Hiroshima le 6 août 1945 l’humanité n’a été aussi proche de l’impensable, un holocauste nucléaire dont les retombées radioactives ourraient s’étendre sur une grande partie du Moyen-Orient.

La planification d’un bombardement aérien éventuel de l’Iran a commencé au milieu de 2004. En mai 2004, une directive présidentielle de sécurité nationale (NSPD 35) intitulée « Autorisation de déploiement d’armes nucléaires » a été publiée.

Le contenu de ce document demeure un secret d’État bien gardé. Il n’y a eu aucune mention de NSPD 35 dans les médias ni même dans les débats du Congrès. Alors que son contenu demeure confidentiel, la présomption générale : elle traite du déploiement d’armes nucléaires tactiques dans le théâtre d’opérations du Moyen-Orient.

Dans cette optique, un récent rapport de presse publié en Turquie dans le Yeni Safak suggère que les États-Unis seraient présentement en train de « déployer des armes nucléaires tactiques de type B61 dans le Sud de l’Irak, dans le cadre d’un plan pour frapper l’Iran à partir de ce secteur si et au moment où l’Iran répliquera à une attaque israélienne contre ses installations nucléaires. »

Ce que le Yeni Safak laisse entendre, c’est que les armes conventionnelles seraient utilisées en première instance, et que, si l’Iran devait répliquer à une attaque aérienne américano-israélienne, les armes nucléaires tactiques B61 pourraient ensuite être envisagées.

Israël fait partie de l’alliance militaire et devrait jouer un rôle majeur dans l’attaque planifiée contre l’Iran.

Plusieurs rapports de presse ont confirmé qu’Israël a pris livraison, depuis septembre 2004, de quelque 500 bombes anti-bunker BLU 109 de fabrication américaine. L’agence Reuters rapportait le 26 avril que Washington a confirmé qu’Israël devait recevoir la livraison de 100 des bombes anti-bunker les plus perfectionnées, le GBU-28 produit par Lockheed Martin.

Le Pentagone a affirmé que la vente à Israël de 500 ogives BLU-109 avait pour but de « contribuer significativement aux objectifs stratégiques et tactiques américains. »

Montées sur des bombes guidées par satellite, les BLU-109 peuvent être lancées à partir d’avions F-15 ou F-16, des avions de fabrication américaine dans l’arsenal israélien. Cette année, Israël a reçu le premier d’une flotte de 102 F-16I à long rayon d’action de la part de Washington, son principal allié.

Les rapports ne confirment pas si Israël a pris livraison et déployé la version thermonucléaire de la bombe anti-bunker, ni si les bombes de fabrication israélienne sont équipées d’ogives nucléaires. Il y a lieu de mentionner que ce stockage de bombes anti-bunker a eu lieu à peine quelques mois après la publication de NSPD 35, l’autorisation de déploiement d’armes nucléaires.

Israël possède entre 100 et 200 têtes nucléaires stratégiques. En 2003, selon The Observer, Washington et Tel Aviv ont confirmé qu’ils collaboraient au « déploiement de missiles de croisière Harpoon fournis par les États-Unis et armés de têtes nucléaires au sein de la flotte de sous-marins Dolphins israélienne ». Dans le cadre de plus récents développements qui coïncident avec la préparation de frappes contre l’Iran, Israël a pris livraison de deux nouveaux sous-marins de fabrication allemande « qui pourraient lancer des missiles de croisière nucléaires », selon Newsweek.

Plusieurs pays d’Europe de l’Ouest, officiellement considérés comme des États non-nucléaires, possèdent aussi des armes nucléaires tactiques, fournies par Washington.

Les États-Unis ont fourni quelque 480 bombes thermonucléaires B61 à cinq membres non-nucléaires de l’OTAN, incluant la Belgique, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas et la Turquie, et aussi à un pays nucléaire, le Royaume-Uni.

Ignorés par le programme de surveillance nucléaire de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sise à Vienne, les États-Unis ont contribué à la prolifération des armes nucléaires en Europe de l’Ouest.

La Turquie qui, aux côtés d’Israël, est un partenaire de la coalition américaine contre l’Iran, possède quelque 80 bombes thermonucléaires anti-bunker B61 à la base d’Incirlik, selon le National Ressources Defense Council.

De plus, selon des documents partiellement déclassifiés, rendus publics en vertu de la loi sur l’accès à l’information américaine, « des arrangements ont été pris au milieu des années 1990 pour permettre l’utilisation des forces nucléaires américaines en Europe en dehors de l’aire de responsabilité du U.S. European Command (EUCOM). Le résultat de ces arrangements c’est que l’EUCOM soutient maintenant les missions nucléaires de CENTCOM au Moyen-Orient, incluant, potentiellement, contre l’Iran et la Syrie. »

Alors que ces « États non-nucléaires » accusent sans preuves Téhéran de développer des armes nucléaires, ils ont eux-mêmes la capacité de lancer des ogives nucléaires, qui sont pointées vers l’Iran. Il s’agit d’un cas clair de « deux poids deux mesures » de la part de l’Agence internationale de l’énergie atomique et de la « communauté internationale ».

Parmi ces cinq « États non-nucléaires », l’Allemagne demeure le pays le plus lourdement nucléarisé avec trois bases nucléaires (dont deux sont pleinement en activité) et pourrait entreposer jusqu’à 150 bombes B61. En accord avec les « plans de frappe de l’OTAN », ces armes nucléaires tactiques sont aussi pointées vers le Moyen-Orient.

Alors que l’Allemagne n’est pas officiellement une puissance nucléaire, elle produit des ogives nucléaires pour la marine française. La compagnie EADS, un consortium franco-allemand contrôlé par Deutsche Aerospace et le puissant groupe Daimler se trouve au deuxième rang des manufacturiers d’armes en Europe et fournit à la France ses missiles nucléaires M51.

En janvier 2006, le président français Jacques Chirac, a de son côté, annoncé un changement majeur dans la politique nucléaire française. Sans mentionner l’Iran, Chirac a affirmé que les armes nucléaires de la France pourraient être utilisées dans des « attaques plus ciblées » contre des pays qui « considéraient » le développement d’armes de destruction massive.

Il a aussi laissé entendre que les armes nucléaires tactiques pourraient être utilisées dans un théâtre de guerre conventionnelle, dans la lignée de la doctrine nucléaire de l’OTAN et des États-Unis.

Le président français appuie sans réserves la « guerre au terrorisme » américaine. Il a présenté les armes nucléaires comme un moyen de construire un monde plus sûr et de combattre le terrorisme.

Les attaques aériennes préparées contre l’Iran comprennent des « scénarios » recourant à des armes nucléaires que conventionnelles. Bien que cela n’implique pas nécessairement l’usage d’armes nucléaires, le danger d’un EVENTUEL holocauste nucléaire au Moyen-Orient doit NEANMOINS être pris au sérieux.