Triomphe de la mesquinerie

Ce n’est pas parce qu’on est riche qu’on n’est pas mesquin. Stephen Harper en a fait la preuve en octobre dernier, lorsqu’il a décidé de couper le budget de l’alphabétisation. Imaginez, ce premier ministre du Canada qui nage dans les surplus budgétaires a trouvé le moyen de couper 5 millions de dollars dans le financement de l’alphabétisation au Québec (18 millions au Canada).

Dans les jours qui ont suivi, une coalition s’est mise sur pied pour réclamer le rétablissement de ce budget, mais il a été bien difficile d’alerter les médias sur cette question. Une compression de cinq millions de dollars dans le budget fédéral, c’est une somme bien trop petite pour faire la manchette.

Mais cinq millions de dollars, quand on travaille dans un groupe populaire en alphabétisation ou dans un centre d’éducation des adultes, c’est beaucoup d’argent ! Les conséquences de cette coupure le prouvent avec éloquence.

En effet, cette compression fragilise tout le réseau voué à l’alphabétisation et à l’éducation des adultes, car une grande partie des sommes octroyées sert à la sensibilisation et au recrutement des adultes peu alphabétisés. Par conséquent, ces compressions auront un effet négatif majeur sur leur participation, alors qu’il faut une énergie considérable pour les inciter à entreprendre une démarche d’alphabétisation.

Mais cela, bien peu de ministres conservateurs le savent. John Baird, par exemple, considère qu’il a « coupé dans le gras » et qu’il a « recentré les ressources sur les priorités des Canadiennes et des Canadiens ». Il était alors président du Conseil du trésor.

S’il y avait un Oscar pour le manque de respect, John Baird le gagnerait assurément pour avoir dénigré les millions d’adultes au Canada qui travaillent à apprendre à lire, à écrire et à compter, ainsi qu’envers les organismes et les personnes qui les appuient dans leur démarche.

Mais la Coalition pour l’alphabétisation ne baisse pas les bras. Elle prépare une action d’éclat sur la colline parlementaire, en février, afin de sensibiliser les députés de l’opposition à la veille du dépôt du prochain budget fédéral. Leur objectif est clair : le gouvernement Harper doit revenir sur sa décision et maintenir l’intégralité du financement qui était octroyé à la lutte contre l’analphabétisme au Canada.

L’auteur est conseiller à la recherche à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ).