Les changements linguistiques

La glace s’amincit sous les pieds de la présence française en Amérique du nord, sous l’effet de serre combiné de l’extension du bilinguisme au détriment du nombre d’unilingues français dans l’ensemble du Canada et du déclin du poids démographique relatif du Québec.

Pour les francophones hors-Québec, le bilinguisme est depuis longtemps l’anti-chambre de l’assimilation. C’est également le cas chez des francophones du Québec. À la lumière du recensement de 2001, le professeur Charles Castonguay a observé un taux net d’anglicisation de 12 % des francophones de l’Ouest de l’île de Montréal.

C’est dans ce contexte que le gouvernement Harper veut apporter des modifications à la carte électorale qui auraient pour effet de diminuer la représentation du Québec à la Chambre des Communes. Alors que 36 % des sièges revenaient en 1867 au Québec, cette proportion n’est plus que de 24 % aujourd’hui, et elle passerait à 22,7 %.

Lors de l’Acte d’union de 1840, les Anglophones s’appuyèrent sur le principe de « nationalité » pour exiger une représentation égale du Canada Ouest anglophone avec le Canada Est francophone plus populeux. Quand, en 1851, ils furent plus nombreux, ils exigèrent et nous imposèrent la « représentation selon la population ». À nous aujourd’hui d’invoquer le principe de la nationalité pour réclamer l’indépendance nationale et la pleine maîtrise de nos politiques linguistiques.