Commission Pandore

Je me surprends à réfléchir à la commission sur les pratiques des accommodements. Certains matins je me dis qu’il ne faut pas perdre son temps et le mien avec tout ce qui ressemble à des commissions. Je ne connais pas les dernières statistiques sur les échecs et les réussites comparés de ce genre d’entreprises. Des sociaux anthropologues nous feront les décomptes qui s’imposent et... puis après !

Déjà une nouveauté pointe. Notre religion qui était l’image même de l’impérialisme devient une incidence culturelle. Et cette culture qui n’est plus absolue devient monnayable. Donnant, donnant. J’enlève mon crucifix de mes palais de justice et tu ne portes plus ton kirpan à l’école. Nos Indiens cessent de jouer du tam-tam (un mot pour dire tambour indien selon Robert) et nos Inuits cessent d’empiler des roches plates en forme de bonshommes.

Ceux qui ont encore les pouvoirs d’imposer leur culture à la grandeur du Canada devront mettre de l’eau dans leur brandy. Une opération miraculeuse et difficile. Leur Reine ne se verra plus la bette sur notre argent. Ils cesseront de jouer de la cornemuse pour saluer nos morts. Leur armée portera la jupette carottée dans leur manège ; la nôtre défilera en habit laïc dans les rues. Intérêt général et laïcité obligent.

Je suis heureux de penser que cette commission va ouvrir enfin l’une des nombreuses boîtes de Pandore que l’histoire nous a laissées. Pour bien comprendre ce qui va se passer, il faut relire sa mythologie. Se rappeler que Prométhée, à qui l’on doit le feu, recommanda à son frère Epiméthée de ne rien accepter de Pandore. Mais Epiméthée dont le nom signifie qui réfléchit trop tard ouvrit la boîte. Nous avons fait la même chose.

Le message caché dit que la croyance deviendra chose privée et les immuables croyances également. L’impérialisme de ces pseudo-cultures-religieuses devra disparaître pour faire place à une honnête démocratie. Essayons de ne pas réfléchir trop tard.